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MARIE-CHRISTINE SONKIN / CHEF DU SERVICE PATRIMOINE | LE 23/05/2019



                    Assurance-vie : quel avenir pour nos fonds en euros
































               Année après année, leurs rendements s'érodent. Ils restent toutefois un pilier de l'épargne des Français.
               Comment  peuvent-ils traverser une ère de taux très bas ? Leur capacité de résistance grâce au stock
               d'obligations anciennes est leur arme principale. Mais ils disposent d'autres atouts.

               L'avenir des contrats d'assurance-vie en euros à capital garanti est-il compromis ? La structure financière de cette
               martingale  des  placements  à  la  française  les  rend  très  dépendants  de  l'évolution  des  taux.  Et  les  normes
               prudentielles ne font que renforcer cette dépendance.
               1. Quelles sont les chances de voir les taux remonter ?

               « Les taux ne peuvent plus remonter, estime Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Good Value for Money. Nous
               sommes dans un scénario à la japonaise. Les Etats européens sont tellement endettés qu'une hausse des taux est
               inenvisageable. L'endettement de la France est de 1.800 milliards d'euros. Nous sommes entrés dans une nasse
               dont nous ne pourrons pas sortir. La croissance économique est faible. En outre, l'Europe est une zone refuge sur
               le plan mondial, affirme-t-il. C'est une situation perverse dont nous ne pouvons plus sortir.  L'Etat en profite,  il
               continue à alourdir sa dette... »

               Le 17 mai, le rendement de l'OAT 10 ans, emprunt de référence de l'Etat français est retombé à 0,27 %. Les
               scénarios  de  hausse  sont  assez  peu  probables  à  court  terme...  Mais  la  réalité  vient  souvent  surprendre  les
               consensus.

               Quelle a été la tactique des assureurs ?
               Selon Cyrille Chartier Kastler, quand ils ont fixé  les taux 2018 , pas mal d'assureurs ont pris leurs désirs pour des
               réalités. Ils ont anticipé une hausse des taux oubliant qu'il n'y avait quasiment plus de croissance en Europe. Dès
               lors, les assureurs ont servi des taux qui ne correspondent pas au rendement de leurs placements 2018. « Predica
               par exemple les a légèrement remontés, alors même qu'en 2018, les 18,1 milliards d'obligations achetées par la
               société n'offrent qu'un rendement moyen de 1,42 % sur une maturité moyenne de 12,5 ans. Compte tenu des frais
               de gestion des contrats, des placements de ce niveau ne permettent de servir qu'un taux moyen de l'ordre de 0,4
               %. Une poursuite de l'érosion des taux servis de l'ordre de 0,1 à 0,2 % par an constitue notre scénario central »,
               estime-t-il.
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