Page 41 - Livre French Touch
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marché du film
LE RENDEZ-VOUS DU CINÉMA MONDIAL
Bien sûr, il y a le Festival de Cannes, ses stars, son public énamouré, ses milliers de journalistes qui usent leurs chaussures sur la Croi- sette pour spéculer sur la prochaine Palme d’or. Cependant, non loin du tapis rouge et des marches menant vers la gloire, se cache un autre escalier méconnu du grand public qui mène vers le cœur battant du Palais des festivals.
Une fois franchies ces marches secrètes, c’est une véritable course contre la montre qui se déroule dans un bruissement ininterrompu. Dans les starting blocks, 12 000 producteurs, distributeurs, vendeurs et  nanciers des quatre coins du globe partent à l’assaut du plus grand marché du  lm au monde. Pour les professionnels c’est l’accès à la véritable arène cannoise, le rendez-vous à ne pas manquer. C’est dans ce tohu-bohu que rencontres, négociations et transactions de droits se livrent en parallèle du Festival de Cannes.
Qui aurait pu prédire ce succès au Marché International du Film, créé en 1959 par une petite poignée de producteurs français, avec ses quelques dizaines de participants et une seule salle de projection construite en toile sur le toit de l’ancien Palais Croisette ?
Ce tout petit marché va peu à peu s’imposer comme un événement international conçu, organisé et plani é avec un seul objectif : la vente de toutes les formes de cinéma. Son promoteur est le producteur Émile Natan, alors à la tête de la Chambre syndicale de la production cinématographique française.
Jusqu’en 1946, les représentants des maisons de production étaient invités à Cannes au moment du concours des  lms. Aucun espace précis ne leur était réservé, ils se réunissaient dans des salles de cinéma de la rue d’Antibes louées pour l’occasion. Ces hommes d’af- faires avaient besoin de se rencontrer, de tisser des premiers liens a n d’organiser la vente des droits cinématographiques. Très tôt, Robert Favre Le Bret, délégué général du Festival, soumet l’idée d’incorporer ce marché parallèle dans l’organisation de la manifestation. Le Comi- té, en 1950, rejette ce projet craignant que les projections nécessaires à l’instauration du marché fassent de l’ombre à celles du concours. Cinq ans plus tard, les organisateurs sont contraints de constater l’incroyable essor de ce phénomène et reconnaissent l’utilité de cette bourse aux  lms, non structurée, qui a lieu entre représentants de l’in- dustrie. André Malraux, en accord avec Robert Favre Le Bret, décide
MARCHÉ DU FILM
The rendez-vous of world cinema
Not far from the Cannes Festival’s red carpet and the steps that lead to glory, there is another  ight of stairs little known to the public which leads down into the beating heart of the Palais. What takes place at the bottom of those steps is a veritable race against time. In the starting blocks we  nd 12,000 producers, distributors, salespeople, and investors from all over the world, ready to storm the world’s largest  lm market. Who could have predicted the success of the Marché International du Film, created in 1959 by a handful of French producers, with a dozen or so participants and a single screening room built on the roof of the old Palais Croisette? This tiny market would grad- ually impose itself as an international event planned and organized with a single objective: the trade in all forms of cinema. In agreement with Robert Favre Le Bret, minister of culture André Malraux decided to make the market an of cial part of the Cannes festival. From that moment, the festival con rmed its role in the  lm industry’s development and turned its market, with its protean view of  lm production, into the world’s leading sales event.
Year by year the Marché du Film contin- ues to grow, and grow more interesting, as more and more international pro- fessionals attend the event in search titles to acquire. While the Cannes fes-
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