Page 19 - Hunzinger - Press - Un chien à ma table
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Presse écrite   FRA
                            Famille du média : Médias d'information                         Edition : Du 02 au 03 septembre
                            générale (hors PQN)                                             2022 P.63
                                                                                            Journalistes : E. B.
                            Périodicité : Hebdomadaire
                                                                                            Nombre de mots : 275
                            Audience : 1358000
                            Sujet du média :
                            Actualités-Infos Générales                                                         p. 1/1



                                               ODE  ÀLAJOIE
                                               Un chien à ma table,
                                               de Claudie  Hunzinger,
                                               Grasset,  288 p., 20.90  €.
                                               Si  l’obsession peut conduiie
                                                   en enfer, ou du moins aux
                                                   assises, elle témoigne, chez
                                               l’écrivain, d’une authentique
                                               cohérence de pensée, comme
                                               en témoigne l’oeuvxe de Claudie
                                               Hunzinger depuis son premier
                                               livre. En plein d’âge d’or
                                               consumériste, Bambois, la vie
                                               verte en appelait déjà à la fuite
                                               salvatrice loin des cités de béton
                                               dévorées d’avidité. Presque
                                               cinquante ans plus tard, l’auteur
                                               n’a pas assagi son propos, bien
                                               au contraire, cette éternelle
                                               insurgée l’outille d’une lucidité
                                               aiguisée aux souffrances d’une
                                               planète en danger de mort. « II
                                               ne nous reste plus qu’à voir le
                                               monde tel qu’il est,troué,rétréci,
                                               sali, mais avec des merveilles
                                               entre ses mailles rongées. » Des
                                               merveilles à portée de regard,
                                               une prairie üeurie, un clan
                                               de cerfs, ou comme ici, l’énergie
                                               surnaturelle d’une petite
                                               chienne, baptisée « Yes » surgie
                                               de nulle part dans la vie
                                               d’un couple en mode survie.
                                               À travers l’infatigable Yes
                                               (les joyciens ne manqueront pas
                                               d’identifier un clin d’œil au
                                               fameux monologue de Molly
                                               Bloom), la narratrice, fait
                                               l’expérience troublante, quasi
                                               mystique, de la non-dualité. C’en
                                               est fini de «l’altérité radicale, ce
                                               gouffre dont parlent les hommes,
                                               même les plus cultivés ».
                                               En cet être sans langage,
                                               la narratrice a trouvé son maître.
                                               «J’expérimentais presque
                                               désespérément le fait qu’avec
                                               presque plus rien on pouvait
                                               se sentir être au monde. Éprouver
                                               de la joie.Je devais beaucoup
                                               à Yes.Elle était la joie. » Voilà
                                               pour le propos. La langue pour
                                               le dire n’est pas moins puissante,
                                               qui malaxe une glaise d’images
                                               d’une beauté à mettre le feu
                                               aux pages.           É. B.



















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