Page 44 - Hunzinger - Press - Un chien à ma table
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phrases, leurs ramifications à la syntaxe (ma main n’est plus formée de cinq doigts mais de quatre intervalles entre
cinq doigts comme si en plus de la pratique de la marche j’avais incorporé quelque chose du feuilleté du liber des
arbres. Et l’on comprend pourquoi Claudie Hunzinger dédie son roman à Stonehenge, alias Pierre Schoentjes,
professeur de littérature à l’Université de Gand, spécialiste de l’écopoétique. Une de ses études se focalise sur la
manière dont des œuvres prennent forme dans un lieu en même temps qu’ils intègrent une réflexion sur la façon
d’habiter le monde, aux côtés des « locaux » mais aussi des arbres et des animaux.
Observatrice observée dans La Survivance, la narratrice de « Un chien à ma table » est cette femme ensauvagée et
la chienne domestiquée, une gardienne. « on se complète » Sophie, une « femme veillée par son chien » Yes « cette
émissaire de l’animalité pansait la femme qui revenait du monde sauvage » Gardienne du langage menacé (sous la
table avec Thomas Bernhard Kafka); « je suis ta garde rapprochée »
A la mort de l’ânesse, Litanie, pas de lamento mais ce constat déchirant poignant « nous nous augmentions l’une de
l’autre. Un constat qui définit aussi la quintessence de la relation Yes/Sophie
Un chien à ma table. Ce titre de l’aveu même de l’auteur est un titre généreux un titre qui dit « ici on accueille
toutes les espèces à table, entrez les bêtes on est à table, on vous fait de la place »
Si je ne te regarde plus, tu disparais
On peut très bien écrire avec des larmes dans les yeux
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