Page 8 - Hunzinger - Press - Un chien à ma table
P. 8

Presse écrite   FRA
                            Famille du média : PQR/PQD                                      Edition : 28 aout 2022 P.7
                            (Quotidiens régionaux)                                          Journalistes : Jacques
                                                                                            LINDECKER
                            Périodicité : Quotidienne
                                                                                            Nombre de mots : 842
                            Audience : 210000
                            Sujet du média :
                            Actualités-Infos Générales                                                         p. 1/1















                                                              de la nature
                                                   NOUVEAU
                                                 LE
                          Une féroce                        CLAUDIE  HUNZINGER


          Claudie  Hunzinger  raconte  l’odyssée  d’une  vie  à deux,                            moins  tel  qu’il  apparaît  à So
          là-haut,  dans  une  maison  « vidée  de tout  sauf  de l’es                           phie  à travers  son  appétit  im
          sentiel.  Le feu,  l’eau,  le bois.  » Dans  une  langue  aussi                        modéré  pour  Internet),
          foisonnante  qu’éblouissante,  elle  nous  entraîne  au                                « troué,  rétréci,  sali  »,  un
          cœur  de l’expérience  du temps  qui  passe  et du monde                               monde  qui  ne  s’écroulait  pas,
          qui  nous  échappe.                                                                    juste  chaque  jour  « un  peu
                                                                                                 plus  que  la  veille  et  c’est  un
          C9  est aux Bois-Bannis, là  étaient  pour  moi  des  frères                           fait  qu’on  ne  lui  appartenait
              haut,  à 700  mètres  d’alti  pauvres  de  nous  [...].  Une  au                   déjà  plus.  »
          tude,  « au  milieu  des  forêts,  tre  fois,  ils  étaient  des  pervers,              Le  tableau  est  crépusculaire,
          loin  de  tout  »,  qu’ils  se  sont  des  pillards,  des  spoliateurs,                parfois  désespérant.  Mais  So
          installés.  Sophie  (dite,  les  des  tueurs,  des  mercenaires                        phie/Claudie  ne  s’en  laisse
          bonsjours,  Fifi,  Biche  ou  Cibi  en  treillis,  des  viandards.  »                  pas  compter,  c’est  elle  la  con
          che)  et  Grégoire  (dit  Grieg)  Aux  Bois-Bannis,  on  est  en                       teuse,  elle  engage  le  fer,  c’est
          Huinzinga  (pour  ne  pas  dire  tête-à-tête.  Sophie  et  Grieg,                      ma  vie,  ma  bataille.  Avec  la
          Hunzinger,  hein  ! ?),  qui  comme  nourris  par  la  même                            chienne  sous  sa  table,  et
          avaient  « traversé  la  vie  com  colère  contre  leur  espèce.  Et                   Grieg,  autre  « chien  » (enten
          me  deux  bêtes  en tremblant  et  même  souvent  chacun  face  à                      dez,  compagnon  fidèle)  à  sa
          en  nous  cachant  comme  deux  soi-même  tant  ces  deux-là  mè                       table,  « mon  gredin,  mon  in
          bêtes  », et qui  avaient  « croisé  nent  des  existences  distinctes,                soumis,  mon  asocial  carré
          beaucoup  d’autres  bêtes  trem  la maison  séparée  en deux  ate                      ment,  mon  punk  sans  le  sa
          blantes  et  cachées  »,  avaient  liers,  « chacun  son  écosystè                     voir  »,  la  tendresse,  les
          trouvé  là  leur  tanière.  « Un  me  ». Les  autres  humains  ont                     émotions,  l’enfance  aussi  sur
          abri  d’urgence  fait  de  rien.  quasi-déserté,  et  on  ne  les  re                  gissent,  par  surprise  et  obsti
          Rien,  c’est  le mot.  Et  si c’était  grette  pas,  quelques  chasseurs               nées,  comme  un  oiseau  à  la
          ça,  le  secret  de  cette  maison  (honnis),  des  randonneurs,                       fenêtre,  « le sens  de  la vie,  on
          que  j’avais  voulu  vidée  de tout  des  sportifs  (au  mieux  tolé                   ne  peut  le  demander  qu’aux
          sauf  de  l’essentiel  ?  Le  feu,  rés),  ou  un  jeune  dessinateur                  oiseaux.  Dans  une  langue  aus
          l’eau,  le bois.  » Les  livres,  aus  qui  vient  s’aguerrir  sous  la ten            si  foisonnante  qu’éblouissan
          si.  Une  « simplicité  des  cho  te  durant  des  nuits  d’hiver                      te,  Claudie  Hunzinger  nous
          ses  » qui  « contient  sa part  de  pour  mieux  capter  dans  ses  Claudie  Hunzinger.  © JF Paga  entraîne  au  cœur  de  l’expé
          provocation  »,  comme  l’ad  croquis  l’âpreté  de  cette  natu                       rience  paradoxale  du  temps
          met  Sophie,  la narratrice  d ’Un  re (accueilli  et réchauffé  d’une  appelée  Yes.  »  Une  petite  pour  attachante  qu’elle  soit,  qui  passe  et  du  monde  qui
          chien  à ma  table,  le  nouveau  tisane).  chienne  pas  vraiment  bien  est  exténuante  à  suivre.  Elle  nous  échappe.  C’est  à la  fois
          roman  de  Claudie  Hunzinger.             élevée.  « Et  pas  si  gracieuse  renvoie  Sophie  à  son  âge.  À  sombre  et  lumineux.  « C’est
          Car,  oui,  se mettre  en  marge,  La  vie  et  Yes  que  ça.  Pas  fragile  non  plus.  vieillir,  elle  s’était  habituée  :  comme  écrire  un  roman.  On
          et  bientôt  mettre  dans  son  Et  puis,  un  soir,  Sophie  voit  Une  petite  brute.  Une  bombe.  avec  Grieg,  elle  observait  assemble  sa bécane  à partir  de
          congélateur  de  quoi  tenir  une  une  « ombre  ramper  entre  les  Une  petite  bombe  d’enfer.  »  leurs  « corps  comme  ceux  de  n’importe  quoi,  on  s’accroche
          année  sans  descendre  dans  la  frondes  des  fougères  ».  Un  Parfaite,  en  somme,  pour  sui  deux  bandits  rangés  des  voitu  à elle,  on  se casse,  on  roule,  on
          vallée,  ça  ressemble  bien  à un  chien,  « un  baluchon  de  poils  vre,  enthousiaste  et haletante,  res.  » Mais  son  corps,  où  en  est  libre.  Et  on  peut  prendre
          doigt  d’honneur  à  la  société  gris,  sale,  exténué,  faméli  sa  maîtresse  dans  les  rampes  était-il  ? « Malgré  mes  sorties,  des  chemins  interdits.  »
          de  consommation.  Et,  en  gé  que  »,  affreusement  blessé,  environnantes,  « on  a vite  fait  une  certaine  agilité  retrouvée,  Jacques  LINDECKER
          néral,  aux  règles,  aux  normes,  victime  de  sévices  sexuels.  la  paire.  La  vie  et  Yes.  Et  que  il  continuait  de  pencher,  de
          aux  lois  qui  entravent  ceux  Qui  vient  se  réfugier  à  vos  tout  le  reste  aille  se  faire  tomber,  d’aller  vers  la ruine.  »  LIRE  « Un  chien  à ma table  »,
          d’en-bas.  Ces  humains,  résu  pieds,  et  on  l’adopte,  « and  voir.  »  Ajoutez  à cela  les  mauvaises  Claudie  Hunzinger,  éditions
          me  Sophie,  « une  fois  ils  yes  I said  yes  I zvill  yes,  je l’ai  Las,  cette  boule  d’énergie,  nouvelles  du  monde  (ou  du  Grasset,  288  p., 20 €.












                                                             25

                                            Tous droits de reproduction et de représentation réservés au titulaire de droits de propriété intellectuelle
      225671 GRASSET - CISION 5423753600504  L'accès aux articles et le partage sont strictement limités aux utilisateurs autorisés.
   3   4   5   6   7   8   9   10   11   12   13