Page 315 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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306 DOGME DE LA HAUTE MAGIE.
Caresser les faiblesses d'une individualité, c'est
s'emparer d'elle et s'en faire un instrument dans
l'ordre des mêmes erreurs ou des mêmes dépra-
vations. Or, quand deux natures analogiques en
défaut se subordonnent l'une à l'autre, il s'opère
une sorte desubstitution du plus fort au plus faible,
et une véritable obsession d'un esprit par l'autre.
Souvent le faible se débat et voudrait se révolter,
puis il retombe plus bas que jamais dans la servi-
tude. C'est ainsi que Louis XIII conspirait contre
Richelieu, puis obtenait en quelque sorte sa grâce
par l'abandon de ses complices.
Nous avons tous un défaut dominant qui est,
pour notre âme, comme l'ombilic de sa naissance
pécheresse, et c'est par là que l'ennemi peut tou-
jours nous saisir la vanité pour les uns, la paresse
pour les autres, l'égoïsme pour le plus grand nom-
bre. Qu'un esprit rusé et méchant s'empare de ce
ressort, et vous êtes perdu. Vous devenez alors
non pas fou, non pas idiot, mais positivement
aliéné, dans toute la force de cette expression,
c'est-à-dire soumis à une impulsion étrangère.
Dans cet état, vous avez une horreur instinctive
pour tout ce qui vous ramènerait à la raison, et
vous ne voulez même pas entendre les représenta-