Page 67 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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DISCOURS FRÉUMINAtRE. 59
Alors le Juif errant, secouant la poussière de ses
pieds endoloris, dira au sphinx Je te connais
depuis longtemps! Ezéchiël te voyait autrefois
attelé à ce chariot mystérieux qui représente l'uni-
vers et dont les roues étoilées tournent les unes
dans les autres; j'ai accompli une seconde fois les
destinées errantes de l'orphelin du Cythéron;
comme lui, j'ai tué mon père sans le connaître
lorsque le déicide s'est accompli, et lorsque j'ai
appelé sur moi la vengeance de son sang, je me
suis condamné moi-même à l'aveuglement et à
l'exil. Je te.fuyais et je te cherchais toujours, car
tu étais là première cause de mes douleurs. Maistu
voyageais péniblement comme moi, et par des che-
mins différents, nous devions arriver ensemble;
béni sois-tu, ô génie des anciens âges de m'avoir
ramené au pied de la croix f
Puis, s'adressant à la croix elle même, Aaswérus
dira en essuyant sa dernière larme Depuis dix-
huit siècles, je te connais, car je t'ai vue portée
par le Christ qui succombait sous ce fardeau. J'ai
branlé la tête et je t'ai blasphémée alors, parce que
je n'avais pas encore été initié à la malédiction il
fallait à ma l'anatbème du monde lui
religion pour
faire comprendre la divinité du maudit; c'est