Page 55 - Lux in Nocte 17

Bulletin de la société archéologique Champenoise, t.??? - 2021 - n°? Le concept mésolithique.

impliqué une relation toute nouvelle avec équilibres maintenus durant les millions d’années
l’environnement et ses ressources, donc des précédentes. L’alliance fut rompue, au profit de
compétitions sociales internes (pas compliqué tout populations humaines en progression constante. Les
de même !) (Fig. 1). Ce point apparait d’importance habitats de vastes dimensions en témoignent autant
capitale car il dégage les liens sacrés entre les que leur concentration en milieux favorables, à la
sources de vitalité naturelles de celles autorisées par pêche, à la cueillette et à l’entretien de paysages
la société elle-même pour s’approprier sa propre vie constamment parcourus afin d’en exploiter
: cette inflexion a été aussi radicale qu’irréversible. systématiquement l’ensemble des ressources
Désormais, l’humanité se dégage des règles sacrées (Fig. 2).
qui jusque-là permettaient la survie de toute autre
forme que la sienne. L’exploitation devenue si large, La gamme des denrées alimentaires est désormais
si inconsistante démontre la domination explicite du si vaste qu’elle permet, en variant les ressources,
récolteur-chasseur sur toute autre forme de vie : il la de les étaler sur toute l’année et ainsi d’amorcer
maitrise d’abord symboliquement, bien avant de la fixité de l’habitat bien antérieure à l’agriculture
l’avoir domestiquée. Cette désinvolture par rapport systématique. Ces maisons de cueilleurs évoquent
aux valeurs naturelles a conduit à la libération de la celles des plaines américaines faites de tiges
démographie, car plus aucune contrainte végétales ployées et couvertes de torchis ; parfois,
environnementale ne semblait gérer ces subtils elles s’étendent sur de grandes surfaces et se

Fig. 1 : Ramassage à la volée de riz sauvage en Afrique orientale (le nomadisme n’exclut pas la cueillette systématique des graminées) et utilisation du
EkWRQ j IRXLU HQ $IULTXH DXVWUDOH D¿Q G¶DPHQGHU OH VRO HW GH UpFROWHU OHV UDFLQHV 8QH pFRQRPLH GH FXHLOOHWWH HW GH UDPDVVDJH SRVVqGH XQH ODUJH JDPPH
de possibilités alimentaires, sans recours nécessaire à la chasse. Ce mode d’existence, en parfaite harmonie avec la nature qu’elle ne détruit pas, peut
être assimilé au Mésolithique dans son sens anthropologique le plus cohérent (illustrations tirées de Burenhult, 1995).

291
55