Page 60 - Lux in Nocte 17
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Marcel Otte
sur les parois peintes, partout où elles sont connues, œuvres mésolithiques ont abandonné l’allusion au
de l’Espagne à l’Afrique du sud en passant par le réel, tant recherchée par les Paléolithiques : plus de
Sahara. Il s’agit toujours de « mettre en scène » ces volume, plus de couleur, plus de modelé. Au
mêmes gestes autant guerriers que de chasse, par Mésolithique, seule importe l’évocation du sens. Il
cette emprise symbolisée par l’image (Hernandez est frappant de constater que de tels procédés
Pérez HW DO , 2020). Les dispositions ne représentent plastiques se retrouvent exactement selon les mêmes
pas, elles désignent une activité, une situation car formules en toutes sociétés mésolithiques, à travers
les traits y sont extrêmement schématiques, jamais toute l’Afrique et en totale autonomie : c‘était la
une recherche de réalité. La signification se situe façon de concevoir et de conquérir le monde qui
donc dans une évocation d’un geste, d’un moment importait. Désormais, l’homme se représente lui-
qui possède une valeur collective, destinée à être même et il se met en action dans des scènes où il
maintenue telle quelle dans le paysage et bien après gagne, non comme un chaman mais comme un
l’évènement évoqué : elle donne une existence prédateur : sa chasse est devenue celle de la chair à
durable à un instant (Fig. 8). C’est pourquoi les consommer, non celle de l’âme à envoûter. Cet art
Fig. 8 : L’art rupestre des Mésolithiques procède partout par le schématisme narratif : il s’agit de scènes animées dont seule l’évocation d’une action
importe et où l’image humaine domine : c’est elle qui se donne un destin nouveau par l’action qu’elle dirige. Le monde a basculé du mythogramme aux
actions ritualisées par l’action. Droite, peinture du Drakensberg (Afrique du sud, Lewis-Williams, 2003). Gauche : Levant espagnol (Hernandez-Perez
HW DO , 2002).
Fig. 9 : Le renouvellement de la vie est manifesté par le dépôt des ramures de cerfs dans les sépultures humaines, trophées manifestes de la revitalisation
annuelle, donc du nouveau sens donné à la mort elle-même (Teviec et Vedbaeck ; Bonsall, 1986 ; Rozoy, 1978). Le signe animalier est réduit à un
symbole dévitalisé, mis au service de la destinée humaine.
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