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Bulletin de la société archéologique Champenoise, t.??? - 2021 - n°? Le concept mésolithique.

Carr ou Mont Sandel (Irlande) par exemple (Bonsall, néolithique était déjà puissamment présent au cours
1985). Mais, à partir de certaines régions où la du Mésolithique récent. La situation est pratiquement
pierre abondait, ces temples deviennent évidents. identique sur les vastes sites d’Anatolie orientale,
Le cas de Lepenski-Vir en Serbie a été l’un des plus dont Göbekli Tepe rassemble l’essentiel de ces
révélateurs (Anonyme, 1967). Installé en bordure grands bâtiments de pierres dressées organisées en
du Danube, ce « village de pêcheurs » contient des cercles, aux murs de pierres sèches et aux décorations
structures triangulaires, ouvertes à l’est, comportant sculptées en relief sur les colonnes en T. La
des sépultures en dalles massives et surtout gardées disposition circulaire de l’ensemble des temples fait
par de somptueuses sculptures humaines aux grands écho à celle du cosmos, comme si le bâtiment y
regards ouverts vers l’orient également (Fig. 14). concentrait la force en s’y identifiant. Les décors
C’est presque trop beau en matière d’histoire sculptés comportent des animaux rares dans les
religieuse : tous les éléments sont en place au contextes autant mésolithiques que néolithiques
moment où le monde va changer complètement ses dont des félins, sanglier, serpent et grue comme s’ils
rapports avec la nature et avec le cosmos. attestaient des récits mythiques où ces êtres
L’installation désormais est fixe, associant les intervenaient symboliquement (Schmidt, 2015).
défunts aux mouvements solaires et les sculptures
faites faces aux grands yeux ouverts établissent le La symbolique fondamentale du Mésolithique se
rapport entre les cieux et les hommes. Les espaces trouve illustrée par le mythe du Paradis Terrestre
intérieurs dégagés autant que la plateforme sur dans l’Ancien Testament, qui à la fois peut
lequel les bâtiments sont placés, forment comme un poursuivre une tradition très ancienne témoignant
réceptacle intermédiaire entre le cosmos et la terre de cette révolution métaphysique mais peut tout à
nourricière dont les hommes vivent. Bien la fois en incarner l’esprit novateur, sans même en
qu’antérieures aux pratiques agricoles contrôlées, conserver la valeur historique initiale éventuelle
toutes ces édifications démontrent que l’esprit (Fig. 15). Quoi qu’il en soit, tout est mis en place

Fig. 15 : Toute la symbolique du Mésolithique fait écho au récit de la création humaine dans l’Ancien Testament. L’homme réalise sa nudité alors
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créateur. Il doit prendre en main son propre destin, se mettre à cultiver la terre et à élever les animaux. S’agit-il d’une lointaine réminiscence de faits
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mécanismes originels ? (« Le Paradis Terrestre » Jan Brueghel, Musée de Bruges)

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