Page 62 - Lux in Nocte 17
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Marcel Otte
communauté des vivants qui ainsi y définissent une crânes (Cauvin, 1994, p. 209-30). Ces têtes sortent
filiation, moins encombrante que des cimetières ensuite des contextes sépulcraux et vont donner de
entiers. Ces têtes portent aussi des décorations qui véritables masques portés durant les cérémonies des
rappellent les fonctions des êtres sociaux et les vivants, autant de mises en scènes rituelles qui
perpétuent. Au Proche-Orient, dès le Néolithique le revitalisent les mythologies (Nahal Hemar, Jéricho ;
plus ancien, ces cranes sont modelés d’argile ou de Aurenche et Kozlowski, 1999).
plâtre afin de restituer les chairs et de leur rendre
leurs teintes d’origine (Ras Shamra, Byblos ; En poursuivant de façon logique, les crânes humains
Cauvin, 1994). Ils démontrent la continuité des isolés, puis remodelés, décorés offrent une nouvelle
pratiques juste antérieures liées aux traitements des iconographie imposée dès lors dans la sphère des
Fig. 11 : L’élément principal du corps humain se réduit aux crânes, découpés et regroupés : ils détiennent la force et la personnalité des défunts ainsi
honorés et restitués dans la nouvelle société des vivants. Le crâne est un double de l’humain, il en conserve la présence : gauche, Ofnet en Bavière.
Au Proche-Orient, les crânes isolés peuvent aussi porter les traits de défunts reconstitués en plâtre ou en argile, voire colorés comme la chair humaine
(droite : Tell Aswad, Syrie, Aurenche et Kozlowski, 1999).
Fig. 12 : &UkQH © VXUPRGHOOp ª G¶XQ DwHXO 3DSRX 1RXYHOOH *XLQpH SUpVHQWp SDU VDQV SHWLW ¿OV %XUHQKXOW &UkQH KXPDLQ GpFRUp GH FRTXLOOHV
comme sur le modèle vivant en cours de cérémonie (El Wad, Syrie ; Aurenche et Kozlowski, 1999).
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