Page 13 - Bouffe volume 3 - Surgelée
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txt. Eric Plamondon phot. Samanta Katz
Durant une semaine, en février, un parc de Winnipeg de- vient l’épicentre pour tous ceux qui souhaitent remonter le temps à une époque où les bords de la rivière étaient bondés de voyageurs et d’employés de la compagnie du Nord-Ouest. Un retour à une période où la trappe — pour la fourrure — poussait les Européens à conquérir les terres du centre du continent nord-américain. Une période pré- agriculture, pré-poêle à gaz, pré-machine à expresso. Plus de 100 000 visiteurs passeront un moment dans ce parc, pour vivre une expérience qui crée de la joie. La logique, c’est que si les gens au 19e siècle trouvaient le moyen d’être heureux, en plein hiver, avec les outils et les moyens dont ils disposaient à l’époque, nous aussi, en 2016, nous pouvons trouver le bonheur en plein hiver, au milieu de ces plaines qui peuvent passer pour un énorme désert blanc.
Disons les vraies choses : pour la plupart d’entre nous, la joie de vivre émane de nos tripes, qui sont naturellement rattachées à notre estomac. C’est possiblement une ques- tion de survie, mais nous cherchons un repas chaud durant ces temps glacials. Alors, ma visite au Fort Gibraltar, lors du Festival du Voyageur, était motivée par mon ventre. N’ayant aucune descendance dans la noblesse, j’évite la Maison du Bourgeois où des festins sont oferts à ceux qui peuvent se le permettre. Ma stratégie était de me diriger vers le tipi le plus près et de délicatement et subtilement me faire des amis avec ceux qui s’y trouvent. J’allais devenir un « engagé », ces hivernants qui travaillaient au fort.
VAGABONDERIES
ÇA MANGE
QUOI EN HIVER


































































































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