Page 27 - Bouffe volume 3 - Surgelée
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de sa fenêtre, il peut voir mon petit derrière blanc s’accroupir. Au lieu de m’ex- poser à la ville pendant trois jours, je décide de chercher une chambre d’hôte.
Je commence à marcher et un camion s’arrête près de moi. C’est Rita, la femme avec qui je jasais dans l’avion, accompagnée de ses amis et de son frère Peter. Ils me trouvent une chambre d’hôte non aichée et me traînent au congélateur communautaire. Je suis la seule assez brave pour prendre une lampe de poche et descendre l’échelle de trente pieds jusque dans le pergélisol, accompagnée de Peter. Il y a un corridor et des salles sculptés dans la glace. Même durant les grandes chaleurs d’été, il y fait tellement froid qu'on peut voir notre haleine! Avec ierté, Peter me montre son phoque congelé, sa graisse de baleine et sa viande de caribou. Il m’apprend qu’un béluga peut nourrir une grande famille pendant un an.
Une fois de retour à la surface, Peter nous invite tous chez lui pour goûter du muktuk salé (baleine), de l’akpik (mûrs) et de la viande de caribou séchée. Pour une raison que j’ignore toujours, Rita coupe le muktuk en morceaux et ne me laisse pas le toucher. Elle l’insère plutôt dans ma bouche comme si j’étais un bébé oiseau. Ils retiennent tous leur soule en attendant ma réaction. J’adore! Ça a un léger goût de poisson, diicile à mâcher, et ça ne ressemble en rien à tout ce que j’ai déjà mangé. Ils rient tous et me conient n’avoir jamais vu une personne blanche aimer le muktuk.
Plus tard, j’apprends pourquoi les gens d'ici se couchent si tard. En été, le soleil n’est jamais près de l’horizon, ce qui fait que même les jeunes enfants et les personnes âgées restent éveillés tard. Pendant trois jours, mes nouveaux amis m’amènent partout dans leur communauté en précisant haut et fort : « Nous avons une touriste! ».
J’aime le Tuk, mais Fort Simpson — à environ huit heures de route à l’Ouest de Yellowknife, à la rencontre des rivières Liard et Mackenzie — est quand même ma communauté préférée. Les arbres y sont beaucoup plus grands et les jour- nées souvent plus chaudes. J’ai visité ce lieu tellement souvent qu’une famille m’a adoptée parmi les siens. Je ne manque jamais de visiter la cabane de Shirley, ma