Page 46 - Bouffe volume 3 - Surgelée
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JOE
ffffffffffGARDE-MANGER
EN LOUISIANE
La production de la canne à sucre fait partie intégrante de la vie dans le sud de la Louisiane. Il n’y a rien de plus beau en automne que de voir des miles et des miles de champs de canne à sucre avec des tiges de 9 pieds et plus qui ballotent par le vent. Même la mauvaise odeur des raffineries de sucre nous parle d’une industrie pro- fondément liée à la culture cadienne et louisianaise.
Faire récolte de la canne à sucre, « c’est une passion », raconte Joe à Antoine, Charles, Désiré, Alexandre et Jacques. Joe Judice fait partie de la 6e génération des cultivateurs de can- ne à sucre en Louisiane, et de la 9e géné- ration de francophones. Cet Acadien fier affirme que la canne était aussi la pas- sion de son père et de son grand-père.
Ses ancêtres sont arrivés en Louisi- ane au début du 18e siècle, de la région de la Franche-Comté en France, près de la frontière suisse. La canne à sucre, pour sa part, est arrivée en 1751 avec les Jésuites.
Le sud de la Louisiane se situe en zone climatique subtropicale; on y re- trouve beaucoup de pluie et un climat modéré et bien, bien humide. C’est un mariage parfait pour la production de canne à sucre. Avec le perfectionne- ment de la technique de granulation
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txt. + phot. Elaine Clément
du sucre vers la fin du 18e siècle, la pro- duction du sucre a explosé, et a entraî- né l’arrivée d’Africains asservis pour la cultiver.
Le commerce des Judice Brothers a débuté à cette époque dans la paroisse de St-Martin, avec Jacques et son frère Nicolas. Jacques, le premier Judice à cultiver la canne, a fini par déménager à quelques miles de là dans la paroisse d’Ibérie, ou Joe habite aujourd’hui.
Joe plante la canne en automne, la tue en hiver, et elle repousse au prin- temps. Les préparations se terminent en mai. On laisse pousser la canne jusqu’à l’automne de l’année suivante. Il affirme qu’avec la bonne pluie et de la chaleur, ça pousse d’un pouce par jour. La roulaison (la récolte de canne à sucre) commence début octobre et a lieu 7  jours par semaine pendant 90 jours, jusqu’à la première glace.
Joe insiste, « On n’est pas juste des récolteurs de canne, on fait d’autres affaires. » Il a étudié l’ingénierie agri- cole pendant trois ans à l’Université de Louisiane à Lafayette, mais sa vraie salle de classe a été les champs et le travail avec l’équipement.
Joe explique que c’est difficile de res- ter en business. Il y a toujours des défis. Son père ne voulait jamais acheter de nouvel équipement. S’il était possible
ET LA CANNE


































































































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