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Christine Adamo - Copyright NMS51GC
maîtresses mettent dans le grenier quand elles en ont plus besoin
dans leur classe. Et vu que le vent soulevait le plastique en bas
contre le mur, on voyait un peu le ciel et les toits des autres
maisons.
Je me suis baissé, j'ai pris le bas du coin du plastique, et j'ai
dit à Sofia-qui-puait viens-voir, c’est-super. On-risque-pas-de
tomber ? elle a demandé, Sofia-qui-puait. Bien-sûr-que-non, sinon-
ils-auraient-mis-des-barrières-ici-aussi, j’ai répondu.
Pendant que je parlais, je la regardais dans les yeux et je
voyais bien qu’elle avait un peu peur, Sofia-qui-puait. Donc j’ai
encore dit regarde, faut-pas-avoir-peur, je-tiens-le-plastique. Vu
qu’en plus, elle osait pas reculer devant moi sinon après, elle aurait
plus pu me faire des méchancetés, elle a avancé quand même. Et
elle a sorti la tête entre le plastique et le bout de toit.
C’est là que j’ai laissé tomber le plastique. J’ai même pas
écouté ce qu’elle disait. Toute façon, ça devait être un truc genre
qu'est-ce-tu-fais-le-nain. Donc j'ai poussé un grand coup. Et vu
qu’il y avait le plastique entre nous, elle a pas pu s'agripper à moi.
Elle a glissé en arrière.
Sofia-qui-puait est pas tombée du premier coup parce qu'il y
avait un bord que j’avais pas vu sur le côté du toit. Là, elle était
plus Sofia-qui-puait, mais seulement Sofia-qui-avait-peur. Elle était
à genoux, je la voyais toute floue, et elle m'appelait. Plus le-nain ou
petit-singe ou le-débile ou le-bébé comme avant. Seulement Tom-
Tom. Tom.
Alors j’ai crié à mon cerveau de pas réfléchir. J’ai pris le
gros morceau de bois qui était juste derrière moi vu qu’il était
sûrement tombé en même temps que les tuiles et c'était de la
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