Page 73 - Le grimoire de Catherine
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LES CONTES DU COQ PERCHE
Déboussolé, le coq de la girouette s’agite comme un beau diable dans les rafales de
l’Autan. Il doit encore avoir besoin de se faire remarquer ! C’est dans sa nature ! Il a
été choisi comme l’emblème d’un peuple se voulant conquérant, même rival sans
complexe de l’aigle.
Dans une basse-cour, regardez- le se pavaner au bon milieu de ses délicieuses
petites poules. Personne n’ignore les nombreux proverbes et expressions nés de son
comportement. Ces derniers sont rarement élogieux. Toutefois il m’intrigue tout de
même et comme l’a dit un poète autrefois , « Un coq qui chante, c’est un réveil
biologique » Allons ne le plumons pas tout de suite, essayons de parler avec lui
lorsqu’il aura fini de faire le fou au sommet de son moulin.
Seulement voilà j’ai un problème, je ne suis qu’un petit oiseau et je ne sais pas voler
à une altitude suffisante pour engager un dialogue avec ce gallinacé en fer forgé.
Qu’à cela ne tienne je vais m’entraîner. Dans mon nid, mes parents ont accumulé,
entre autres, de vieilles feuilles d’un livre qui expliquent comment un jeune goéland a
réussi des performances de voltige et est ainsi devenu libre.
C’est une question de temps et de volonté. Moi, c’est la curiosité qui sera ma
motivation. Que voit-il ainsi perché ? D’autres oiseaux comme les grands faucons ?
Les sillages dessinés par les avions longs courriers ? Profite-il des caresses des
nuages ? Tout cela me motive, je dois pouvoir m’élever jusqu’à lui.
Sautillement après sautillement, je me décide, je me lance, je dois pouvoir
décoller.J’étire, je déploie mes jeunes ailes, je ferme les yeux, j’ouvre le bec, ça doit
être comme cela que l’on démarre. Je sais qu’un voisin m’avait dit s’appeler
engoulevent, ce doit être pour ce motif … Raté !
Je m’écrase lamentablement au beau milieu du buisson épineux .Ca ricane autour
de moi, surtout la grande oie si pimbêche. Quel manque d’ambition mes frères ! Je
reprends, je dois me stabilise et ainsi gagnerai-je de la hauteur. Il me faut de l’élan.
Mes ailes sont si fragiles qu’il va falloir réfléchir dans ma tête de moineau à une
stratégie. Puisque le coq de la girouette utilise le vent d’Autan je vais l’imiter.
Je sais que son lieu de prédilection est la proximité des moulins et qu’alors, bien
installé, il peut se faire plaisir et se permettre de souffler jusqu’à cent kilomètres à
l’heure. Il me suffit de m’en approcher et de me laisser transporter ainsi auprès de
mon fameux coq, objet de ma curiosité.
Me voilà au pied, plutôt aux pattes, de ce colosse bien agrippé à sa tige rouillée.
Impressionnant mais accueillant. Il va sans dire qu’il doit avoir peu de visiteurs. Il a
envie de parler, de me raconter ce qu’il aime et ce qui le révolte .Perchés comme
nous sommes, la monotonie ne devrait pas nous atteindre, je sens que je ne vais pas
regretter mon audacieuse ascension.
-« Ton courage mérite récompense, aussi si tu le veux, je peux te raconter de belles
histoires, une par points cardinaux car tu as pu t’en rendre compte je visite ces
espaces régulièrement grâce à mon acolyte, le fougueux vent du Sud »
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