Page 11 - Bulletin, Vol.78 No.2, June 2019
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LE CHANT DE LA LIBERTE (TIRE DU LIVRE DE
YASMINA TIPPENHAUER)
Il allait se suicider sur la colline Alanguette
Il en avait marre et ça pétait fort dans sa tête
Pas moyen d’empêcher l’homme quand cette maudite vie l’embête
Il se disait déjà finissons-en « epi lammèd »
Tandis qu’à quelques pas, là dans la vallée
Le vieux dans son trépas, pour se remonter
Fredonnait le chant de la liberté
Il ne supportait plus rien dans ce bas monde piégé
Et ne lisait plus les journaux, pas de radio, pas de télé
Trop de dictateurs de voleurs de dealers protégés
Trop, c’était trop déjà, vers le ciel il voulait monter
Tandis qu’en bas, dans les champs, dans les bateys
Le viejo, dans ses tourments, pour s’alléger, pour s’alléger, s’alléger
Fredonnait le chant de la liberté
« Sispann vann fre w nan zafra nan zafra »
Imaginez soudain une voix pour tourmenter la vie
Des dealers-dictateurs, avec leurs biens mal acquis
Ecoutez cette chanson qui vient des peuples démunis
Victimes des producteurs d’armes, de toutes sortes de maladies
Tandis qu’au côté noir du monde piégé
Un peuple se prépare à se soulever, se révolter, révolter
En chantant « kan mem fok sa chanje »
Il allait se suicider sur la colline Alanguette
Oubliant qu’il était la voix des pauvres analphabètes
Et là où saignaient les victimes des coups de griffe de la bête,
Sa voix séchait les plaies, les pleurs, portait un air de fête
AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 78 No. 2, 2019-06 9