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LES BATISSEURS DE L’ONU ET LES PASSIONS
GENEVOISES
Par Christian Bernet
Mis à jour le 07.01.2018
Un livre retrace l’histoire de la construction du
quartier international. Où l’on retrouve des passions
très locales.
Les ouvrages sur l’architecture à Genève ne
manquent pas. Mais il n’existait pas encore d’étude
sur cette portion de territoire que les habitants
délaissent, le quartier international. C’est désormais
chose faite, et de belle manière, avec le livre
richement illustré de Joëlle Kuntz, Genève
internationale, 100 ans d’architecture, qui paraît chez Slatkine.
D’architecture, il est bien sûr question, Bureau international du travail (BIT) puis
et l’auteure évoque les grands débats à l’Organisation mondiale du commerce
qui ont déchiré la profession au siècle (OMC) dans leurs projets d’extension,
passé et dont Genève fut un théâtre même si les arbres ne furent parfois
privilégié. Mais l’intérêt de l’ouvrage va qu’un simple prétexte. Lors du concours
au-delà, en décrivant ce dialogue pour le Palais des Nations, en 1927,
compliqué entre la ville et les Genève fait valoir la « latinité des rives
organisations internationales. On suit du lac» pour refuser les projets des
avec amusement cette relation à travers modernistes et leur architecture «de
une quinzaine de chapitres qui retracent style nordique ou germanique».
l’histoire des principaux bâtiments.
En tant que maîtres d’ouvrage, les
Dans le respect des arbres organisations internationales intègrent
ces contraintes. Il faut dire qu’elles ont
Fière d’être choisie comme siège de la assez à faire, notamment avec les
Société des Nations en 1919, « difficultés inhérentes à leurs
désireuse de plaire », Genève n’en est constructions. Comment réaliser des
pas moins réticente à l’idée de voir son bureaux tout en dressant les
territoire bouleversé. Très vite, l’opinion monuments que réclament les nations
publique, « acteur clandestin qui rôde payeuses ? Comment servir une
dans les parages », impose sa fonction et démontrer une idée ? L’enjeu
sensibilité et ses codes. Il s’agit de ne est de taille, comme on le voit avec
pas construire en hauteur, et bien sûr de l’injonction du président de
respecter les arbres.
l’Organisation mondiale de la santé
Dans les années 1920 comme au début (OMS) pour l’inauguration de son
des années 2000, les défenseurs des bâtiment en 1966: «Il doit être le
séquoias donnèrent du fil à retordre au symbole des espoirs que nourrit toute
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