Page 9 - Bulletin, Vol.78 No.2, June 2019
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l’humanité d’être un jour délivrée de la à l’étroit et réclament de nouveaux
maladie.» Rien de moins. locaux. Les autorités suisses répondent
avec peu d’empressement, et souvent
Ces tensions trouvent leur paroxysme sous la menace d’un départ. Le quartier
dans les années 20 lors du concours international s’est ainsi développé par
pour le Palais des Nations. Confronté à improvisations successives, sans la
377 projets, le jury n’arrive pas à planification que réclamait déjà Le
trancher. La bataille fait rage entre les Corbusier.
adeptes de la tradition et les
fonctionnalistes emmenés par Le La place des Nations en est un symbole.
Corbusier. Le processus est paralysé. Il a fallu soixante ans et quatre concours
Les historiens diront de ce concours pour aménager un lieu qui n’a pas
qu’il symbolise «la crise du jugement au tranché la question initiale – carrefour
XXe siècle ». de circulation ou place monumentale ? –
et où les Genevois ont imposé la
Rapidement à l’étroit
fantaisie d’une chaise estropiée contre
Le conflit ne sera tranché que dans les l’avis de l’ONU.
années 60 en faveur des modernistes, Ce défaut général d’urbanisme a été en
avec le projet de l’OMS. Sans causer de partie pallié en 2005 avec le concept de
réaction auprès des Genevois, le Jardin des Nations, alors que les
bâtiment se tenant très à l’écart de la organisations ont pris l’habitude d’ouvrir
ville.
leurs portes. Deux aspects qui
Un élément récurrent semble avoir été permettent à Joëlle Kuntz de dire en
la difficulté des organisations conclusion que « ce quartier méconnu,
internationales à anticiper leur excentré, peuplé d’étrangers occupés à
croissance. À peine installée, elles sont des affaires lointaines, se rapproche peu
à peu».
Genève internationale, 100 ans d’architecture. Par Joëlle Kuntz, édition Slatkine, 224
pages. (TDG)
Article sélectionné par Elisabeth BELCHAMBER
AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 78 No. 2, 2019-06 7