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en esclavage. La longue barbe est typi- quement un trait européen, car le système pileux des Indiens ne permettait pas de cultiver de tels ornements, et les corps couverts de vêtements sont également un trait européen car, à Haïti, les Tainos allaient presque nus. Cela donne à suppo- ser que les Tainos avaient déjà vu des Blancs.
Deux singularités ne font pas plus une bonne hypothèse qu'une hirondelle fait le printemps, mais il faut relever aussi que, beaucoup plus au sud, les Incas avaient un mythe étrangement voisin : c'est celui d'un dieu blanc appelé Viracocha, dont l'histoire est curieuse. Viracocha fut, en effet, un roi Inca qui régna au XIVe siècle, et qui prit son nom après un rêve dans le- quel il vit un dieu blanc de ce nom, dont il se déclara le messager.
Ce qui est plus curieux est que ce roi fit ériger une sculpture de ce dieu, qui existe à ce jour, et qui représente un homme barbu dont le type ne correspond absolu- ment pas à celui des Incas. Il est, en effet, barbu et porte une tunique qui descend bien au-dessous des genoux, particulari- tés aussi étrangères aux Incas qu'aux Az- tèques. Viracocha aussi devait revenir un jour.
Force est donc de reprendre l'hypothèse selon laquelle il y eut des voyageurs de l'Ancien Monde qui abordèrent au Nou- veau bien avant Colomb. Il y a, certes, le thèse de la découverte de l'Amérique du Nord par Erik le Rouge (vers 940-1010), explorateur norvégien qui aurait abordé dans le « Vinland », territoire qui corres- pondrait approximativement au Maine ac- tuel.
Parmi d'autres thèses, il y a celle d'un abordage de Carthaginois au-delà des Pi- liers d'Hercule (Gibraltar), dont parle Aris- tote, ou encore celle selon laquelle l'Amérique aurait été « découverte » par des Hébreux au milieu du Xe siècle avant notre ère.
Citons également l'étude sérieuse de l'his- torien Eugène Beauvois sur un éventuel exil des Templiers en Amérique. Beauvois se fonde ici sur l’arrivée au Mexique pré- hispanique d’un groupe de tribus - les Tec- pantlacs - aux conceptions religieuses étranges et qui étaient vraisemblablement des Blancs...
Le thème du retour du Blanc, commun aux traditions évoquées plus haut est assez plausible ; en effet, on peut imaginer aisé- ment qu'en repartant, les explorateurs venus de l'est aient promis de revenir.
Nettement plus consistants sont les tra- vaux sur un certain nombre de concordan- ces entre des concepts et signes proche-orientaux et mésoaméricains, qui indiqueraient des relations entre la Médite- rranée orientale et l'Amérique centrale, sans doute vers la fin du IIe millénaire : l'orientation solaire des édifices religieux, le cycle calendaire de sept jours, l'idée d'un axe cosmique et d'un « nombril » de l'univers, le concept du zéro, la croix gam- mée et de très nombreuses similitudes entre les poteries néolithiques des deux continents.
Références:
« Les Deux Quetzalcoatl espagnols, J. de Grijalva et F. Cortés » (pp. 33-34).
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