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ANALEMENT VÔTRE

        Je   me   suis   entendu   dire,   il   y   a   quelque   temps   de   cela :
        « Analement vôtre ». Je dis : attention ! Un presque cri dans un
        couloir d’aéroport par cette formule, c’est très embarrassant,
        surtout quand la personne vous prends dans ses bras, vous
        embrasse sur les deux joues comme du bon pain.

        Je dis : non ! Pas d’écho, sur ce sujet. Je ne suis pas coincé, je
        suis lucide et un peu pudique tout de même. Enfin ! Tous ces
        gens qui se sont retournés et ces esprits interrogateurs, voire
        goguenards et même envieux. Je dis non ! non !

        Ce n’est pas parce que vous avez rendu service une fois, que la
        planète soit au… jus.

        Bon, vous-voulez savoir ? Elle s’appelait Patrice, un trans qui
        m’avait   bien   allumé   ce   soir-là.   Je   n’avais   très   envie   d’une
        relation… même buccale. Il m’avait offert un mojito et puis un
        autre et un autre. Je ne suis pas un marathonien des cocktails
        alcoolisés. Ce soir-là, je me suis laissé embarquer, et surtout
        tenté.

        Elle avait un charme fou. Un quelque chose de romantique
        dans les yeux, de classique par la bouche et des joues à la
        gothique, bref un visage hérétique comme je les aime. Et le
        reste proportionné et esthétique.

        Pas d’hypocrisie entre nous. J’ai un faible pour les trans. C’est
        comme ça et il n’y pas d’explication rationnelle. Et d’ailleurs
        en ce monde-ci il faut toujours tout expliquer, et détailler au
        bistouri voire au scalpel, pour analyser (j’aime bien ce mot),
        comprendre, étiqueter, voire cataloguer et pire stigmatiser. Eh
        bien, non !

        Pas d’imposture entre Patice et moi. C’était franco de jeu. Son
        regard déjà possédé de moi, elle me plaquait, me retournait,
        de   dessapait   vers   le   bas…   j’étais   prêt,   nous   l’étions.   Nous
        l’avions toujours été.

        En cette saison de tiédeur, à cet endroit de la ville, le square
        dit « Dés deux entrées » nous offrait un lieu où l’interdit est
        jouissif et le cimetière d’à côté voyeur en feux follets, emballait
        notre éréthisme
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