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BASCULEMENT
Je ne suis pas du genre scaphandrier mais parfois j’ai du plomb
sous les chaussures. Ce n’est pas pour les biens pensant une
sérendipité mais bien une allégorie peu flatteuse à mon égard.
Et en rien une découverte hasardeuse devant mon miroir mal
embouché du matin, ni d’ailleurs de proches qui ne sont
proches que par le mot. Qu’importe. La notation sur le sujet ne
porte pas à préjudice. Rien de neuf sous mon soleil et je ne
vais pas chicaner sur ce principe de base : je suis lent. Et cela
me fait penser à la trotteuse d’une montre. Pourquoi trotteuse
et pas galopeuse ?
Le statu-quo est de rigueur. Et mon regard est absorbé par
cette trotteuse suspendue en l’air, là, dans ce ciel bleu argent.
C’est étrange. Et puis, je me sens léger, léger comme un
ascenseur et cette trotteuse qui court devant moi en rond,
toujours en rond. Quel délire que cette galopeuse qui me
nargue comme une épine dans le pied qui me fait souffrir
comme la plante à qui l’on vient d’arracher brutalement une
feuille dont les nervures s’éteignent…lentement.
J’ai cette colère qui me dépasse et devient orage dans ce ciel
bleu argenté et dont la trotteuse se moque et l’orage fumeux,
haineux, teigneux, arrogant et noueux de brisures d’éclairs.
Que m’arrive-t-il ? Je me sens emporter, étouffer, et puis
renverser… étranglé dans mes draps bleus argentés de lit, je
viens de mourir.