Page 89 - test
P. 89

BASCULEMENT

             Je ne suis pas du genre scaphandrier mais parfois j’ai du plomb
             sous les chaussures. Ce n’est pas pour les biens pensant une
             sérendipité mais bien une allégorie peu flatteuse à mon égard.
             Et en rien une découverte hasardeuse devant mon miroir mal
             embouché   du   matin,   ni   d’ailleurs   de   proches   qui   ne   sont
             proches que par le mot. Qu’importe. La notation sur le sujet ne
             porte pas à préjudice. Rien de neuf sous mon soleil et je ne
             vais pas chicaner sur ce principe de base : je suis lent. Et cela
             me fait penser à la trotteuse d’une montre. Pourquoi trotteuse
             et pas galopeuse ?

             Le statu-quo est de rigueur. Et mon regard est absorbé par
             cette trotteuse suspendue en l’air, là, dans ce ciel bleu argent.
             C’est   étrange.   Et   puis,   je   me   sens   léger,   léger   comme   un
             ascenseur  et cette trotteuse qui  court  devant moi  en rond,
             toujours   en   rond.   Quel   délire   que   cette   galopeuse   qui   me
             nargue   comme  une   épine   dans   le   pied   qui   me  fait   souffrir
             comme la plante à qui l’on vient d’arracher brutalement une
             feuille dont les nervures s’éteignent…lentement.

             J’ai cette colère qui me dépasse et devient orage dans ce ciel
             bleu argenté et dont la trotteuse se moque et l’orage fumeux,
             haineux, teigneux, arrogant et noueux de brisures d’éclairs.
             Que   m’arrive-t-il ?   Je   me   sens   emporter,   étouffer,   et   puis
             renverser… étranglé dans mes draps bleus argentés de lit, je
             viens de mourir.
   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94