Page 120 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

      Fini le temps des importations de véhicules touris-
tiques et du contre-remboursement. Le slogan « Pour une
vie meilleure». retenu pour le congrès extraordinaire du
FLN de juin 1980, a vécu. Le baril de pétrole, qui avait
atteint les quarante doUars, a connu une chute vertigineuse
en 1986. Le président Chadli, qui s'enorgueillissait d'une
Algérie à l'abri de la crise économique mondiale, a vite
fait de changer de discours. Il appelle, désonnais, au « tra-
vail et [à] la rigueur pour assurer l'avenir».

     Son Premier ministre Abdelhamid Brahimi, dit « Ha-
Mid la science », vient d'apporter les dernières retouches
à son œuvre historique : la restructuration des entreprises,

qui n'est en fait qu'une déstructuration. L'homme qui
chantait les louanges de sa politique destructrice en annon-

çant fièrement dans ses discours : « ce que nous avons

réalisé en une année n'a pas été réalisé en douze ans)}
coule aujourd'hui des jours heureux, à Londres, après
avoir plongé le pays dans le chaos économique. Il est
parmi les rares que le vent d'octobre 1988 ait définitive-
ment emportés. Avant son départ d'Algérie, il expliquait
son échec par le phénomène des détournements des deniers
de l'État par les généraux et leurs sous-fifres. C'était le
fameux pavé des vingt-six milliards de dollars lancé un
jour à la face des étudiants de l'université d'Alger. Cette
fameuse affaire des vingt-six milliards fut un temps le sujet
de conversation préféré des Algériens. Plusieurs commis-
sions d'enquête furent chargées de faire toute la lumière
sur cette affaire. Mais les commissions d'enquête algé-
riennes sont toujours en panne d'électricité...

      Après cinq années plutôt agréables, les Algériens
renouent donc de plus belle avec les pénuries, la crise du
logement, et découvrent le chômage, les déperditions sco-
laires, l'exclusion et la marginalisation.
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