Page 115 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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vènement de l'imposture 113
nen sera de même pour les généraux, Rocine Benha-
did et Tayeb Derradji, Rabab Boughaba, Abdelmadjid
Taghite~ et Chabane Ghodbane. C'est la saignée dans les
rangs des anciens officiers de l'ALN. Il faut dire que ces
officiers n'ont jamais fait preuve de solidarité entre eux
chaque fois que l'un des leurs était touché.
Ahmed Taleb Ellbrabirni, ancien ministre de l'Infor-
mation sous Boumediene, de l'Éducation nationale, puis
des Affaires étrangères sous Chadli, explique cette saignée
par la faiblesse de la personnalité de Chadli et sa mise sous
influence par le clan de Belkheir. Selon lui, Chadli ne se
sentait pas dans la peau d'un chef d'État en présence des
anciens officiers de l'ALN. En entrant dans son bureau,
les généraux Belhouche~ Bouhadja ou Atlania, ne se met-
taient pas au garde-à-vous. Ils s'effondraient dans le fau-
teuil et plongeaient la main dans la boîte de cigares sans
rien lui demander. Ils ne lui donnaient pas l'impression
qu'il était le président de la République. En revanche,
Larbi Belkheir ou Khaled Nezzar, outre le salut militaire
réglementaire, se mettaient au garde-A-vous jusqu'à ce que
Chadli les invite à s'asseoir. Ils faisaient preuve, devant
lui, d'une discipline irréprochable.
Larbi Belkheir m'a lui-même confié que, pour s'excu-
ser auprès du président quand il lui faisait des remon-
trances, il baissait la tête, courbait l'échine vers l'avant et
demandait à être sanctionné pour avou osé: « Mettez-moi
aux arrêts, monsieur le Président. Mettez-moi aux arrêts. )}
Belkheir expliquait ce comportement par le fait qu'il
était d'abord « un militaire discipliné ». Voilà pourquoi
Chadli n'a exprimé aucune opposition à la radiation d'une
douzaine d'officiers entre 1989 et 1991.
Nezzar, de son côté, justifiait cette purge par la néces-
sité de passer le relais à la nouvelle génération. Or cette
dernière est, elle aussi, touchée par la purge.