Page 114 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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LA mafia des généraux
interarmes de Cherchell, il a été nommé directeur du
département de l'infonnation du FLN au moment où l'ar-
mée déclarait le retrait de ses membres du comité centra!
du parti, signifiant par là qu'elle n'allait plus s'impliquer
dans la vie politique du pays. N'ayant pas compris la
manœuvre, le général Hadjeres se rendait chaque jour en
unifonne à son bureau, au siège du FLN. étrennant sur
ses épaules ses galons tout neufs. Cette mascarade dura
plusieurs mois, jusqu'au jour où il reçut la fameuse notifi-
cation de sa radiation de l'armée. Il convient de signaler
que cet officier de grande culture générale et de formation
arabophone était l'un des plus intègres de l'armée algé-
rienne.
La chasse aux généraux et officiers supérieurs issus
de l'ALN se poursuivra tout au long de la décennie san~
glante. En cette période difficile, qui voit la mafia user de
tous les stratagèmes pour mettre le pays à feu et à sang,
uniquement afin de se maintenir au pouvoir et de préserver
ses intérêts, il n'y a de place que pour les complices et les
sous-traitants. Les autres sont dans l'ignorance totale de ce
qui se trame dans les arcanes du pouvoir. Ils apprennent
les nouvelles comme le commun des Algériens, soit par la
presse, soit par ouï-dire. Le général Yahia Rahat, ancien
directeur de l'Institut militaire de la documentation des
études et de prospectives, et ancien inspecteur général de
l'armée, l'a confinné dans son témoignage paru aux édi-
tions Rahma en juillet 1997.
C'était le type même du militaire discipliné, qui ne
discute pas les ordres et qui ne cherche pas à comprendre;
ce qu'on appelIe dans le jargon algérois « h'chicha talba
mîcha» «< une herbe qui ne demande qu'à vivre »). Mais
cela ne suffit pas pour faire partie de la mafia. Il fut alors
invité à prendre sa retraite.