Page 109 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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vènement de l'imposture 107
Des proches du sérail rapportent que Chadli, complè-
tement dépassé par les événements et ignorant totalement
ce qui se passait dans le pays, déclina l'offre et proposa à
sa place le colonel Abdallah Belhouchet. Une proposition
rejetée par les nouveaux décideurs. Chadli était bien plus
intéressant pour eux. Khaled Nezzar le connaissait depuis
son ralliement à l'ALN en 1958. Larlli Belkheir l'avait
côtoyé durant dix années et Abdelmalek Guenaïzia avait
été son adjoint à la 2' Région militaire pendant quinze ans.
Une fois élu, découvrant l'énorme charge de la fonc-
tion présidentielle, Chadli abandonne son poste et va se
réfugier à Oran. n est vite ramené à Alger avec la pro-
messe qu'il sera assisté dans sa mission. Durant tout son
mandat, Chadli ne cessera de répéter qu'il n'a jamais
demandé le fauteuil présidentiel. D'où une succulente
blague populaire: « C'est le fauteuil qui colle à Chadli et
il va falloir l'opérer pour le libérer du fauteuil. » Il donnait
l'impression de rendre service au peuple en acceptant
d'être président de la République. Comme s'il n' y avait
pas d'autre homme compétent dans le pays. « 11 est inca-
pable de tenir une discussion cohérente avec un chefd'État
étranger », disait de lui Abdelaziz Bouteflika, qui le
connaissait depuis de longues années.
Comme prévu, Chadli sera pris en charge par son
gourou et directeur de cabinet, Larbi Belkheir. La course
aux postes stratégiques est relancée. Au départ, elle est
rude. Et pour cause, le Secrétariat général du ministère
de la Défense est occupé par Mostefa Benloucif, vieille
connaissance et homme de confiance de Chadli. Des affi-
nités régionalistes ont scellé l'amitié entre eux.
Méfiant à l'égard des transfuges de l'armée coloniale,
et n'hésitant pas à leur exprimer son hostilité, Benloucif,
qui connaît sous Chadli une fulgurante ascension en pas-
sant du grade de commandant à celui de général-major en