Page 13 - Perturbateurs endocriniens : notre état des lieux
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S’informer et réagir face
 Des questions encore sans réponses
          à l’afflux d’informations
 Il existe encore des questions sans réponse concernant les PE et leurs effets, y compris des détails précis sur la façon dont
 l’exposition à un PE peut entraîner une maladie même si l’on sait que les produits chimiques peuvent présenter un risque
 et ce à de faibles doses ou en combinaison avec d’autres composés.  Comme nous l’avons vu, la pollution aux PE est quotidienne et ubiquitaire. Elle peut impacter de manière active ou passive
 Pour ajouter à l’incertitude, environ 800 produits chimiques sont connus ou suspectés d’interférer avec le système   tous les aspects de la vie quotidienne. Les professionnels de santé sont régulièrement questionnés sur ces problématiques
 endocrinien, mais seule une infime fraction de ceux-ci a été étudiée de façon précise pour identifier les effets   de santé publique par les couples qu’ils rencontrent et qu’ils accompagnent dans la parentalité. Cosmétiques, produits
 nocifs chez les animaux vivants. Il faut donc réaliser des études comme dans l’exemple du  bisphénol A pour engager les   d’hygiène, matières plastiques ou encore résidus de pesticides dans nos assiettes : les PE, susceptibles de modifier
 interdictions.   le système hormonal et d’être à l’origine de diverses maladies, sont à peu près partout - d’où le rôle
         considérable des professionnels de santé pour évoquer ces questions et donner les bonnes réponses en
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         matière de recommandations  .
 Un règlement européen, publié le 14 février 2018  au Journal officiel de l’UE, renforce les restrictions
 applicables au bisphénol A (BPA) dans les matériaux en contact avec les aliments. Ce règlement, qui est
 applicable à compter du 6 septembre 2018, étend cette restriction aux matériaux utilisés dans les vernis   Seuls 37% des patients se disent informés sur
 et revêtements utilisés pour tapisser les boîtes de conserve alimentaires. La Commission européenne se   les polluants dans une étude lyonnaise
 rapproche ainsi de la position de la France qui avait interdit le BPA dans tous les contenants alimentaires
 en janvier 2015.
         Une enquête a été menée dans le centre de procréation médicalement assistée (PMA) de Lyon, afin de sensibiliser les
         couples aux problématiques de pollution environnementale et de déterminer leurs habitudes. Chez ces couples dont la
 Que dire des premiers résultats évoqués dans la presse ?   moyenne d’âge était de 33 ± 5 ans, si on comptabilise 28 % de fumeurs, on note également des attitudes qui montrent
         une forte réceptivité aux messages de santé publique de  ces futurs parents qui :
         •  mangent bio à 37,6 % vs 15 % dans la population générale ;
 Les premiers résultats livrés sur l’exposition des femmes enceintes aux polluants de l’environnement par la cohorte Elfe   •  choisissent des produits sans parabènes à 64,8 % ;
 ont eu de quoi inquiéter les parents :  •  choisissent des cosmétiques bio à 34,4 %.
 •  Le pourcentage d’échantillons urinaires recueillis chez les femmes à la maternité et contenant du    Néanmoins, l’étude pointe que seuls 37 % d’entre eux se disent informés sur les PE ; que dans 71 % des cas,
    bisphénol A est supérieurs à 70% - ce qui confirme l’omniprésence de cette substance dans l’environnement ;  cette information est délivrée par les médias et uniquement dans 29 % des cas par les professionnels
 •  99,6% d’entre-elles ont été exposées à au moins un phtalate - ce qui démontre que malgré les restrictions    de santé.
    d’usages ceux-ci restent omniprésents dans l’environnement et les produits de consommation courante ;
 •  et 100% des femmes de la cohorte ont été exposées aux pyréthrinoïdes - ce qui illustre la fréquence de    La Boîte Rose s’engage et réalise sa propre enquête
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    l’usage domestique de pesticides (insecticides, anti-poux, anti-puces) et de la consommation de tabac et d’alcool .
 Attention, il convient d’être prudents et d’attendre les analyses approfondies qui seront dévoilées en fin d’étude avant de
 poser les conclusions définitives à partir de ces premiers résultats.  Les perturbateurs endocriniens (PE) peuvent avoir
         des effets néfastes notamment chez le foetus, la
 Que répondre aux parents qui s’inquiètent aujourd’hui ?   femme enceinte et le jeune enfant qui sont les plus
         vulnérables à ces substances.

 Que vous pouvez les aider à faire des choix éclairés en termes d’alimentation, d’équipements, ou de cosmétiques   Afin  de  travailler  main  dans  la  main  avec  les
 et que ces choix leur permettront de réduire l’exposition de leurs enfants.  professionnels de santé, nous avons décidé
         d’utiliser notre plateforme communautaire pour
         mener une enquête auprès d’un panel de futurs et jeunes parents sur la question des PE. Nous nous interrogions sur leurs
 Plusieurs cohortes vont permettre dans les années à venir de poser des conclusions scientifiques sur   connaissances, usages et pratiques mais aussi sur leurs sources d’information et voulions identifier leurs interrogations
 le rôle des expositions à différents agents chimiques (insecticides pyréthrinoïdes notamment) sur le   précises sur la question et leurs attentes en termes de réponses et d’outils.
 déroulement de la grossesse et la santé de l’enfant jusqu’à 6 ans ; ou sur l’impact de l’exposition à   Notre étude est donc une photographie de l’état des connaissances sur cette question. Parce que l’arrivée d’un enfant,
 certains phénols et phtalates pendant la grossesse sur le développement ultérieur.  C’est un travail de   doit toujours être un événement heureux et serein, La boîte Rose a voulu connaitre les opinions des futurs et jeunes
 titan qui vise à l’amélioration de la santé publique.   parents afin de travailler avec les professionnels de santé pour les informer sur cette question en toute objectivité.

         Menée via notre plateforme nous vous livrons nos propres résultats sur cette question. Vous pouvez découvrir notre
 15  JO de l’Union européenne. Règlement de la Commission du 12 février 2018 relatif à l’utilisation du bisphénol A. Consultable en ligne : http://eur-lex.europa.eu/legal-  méthodologie et nos résultats sur la double-page suivante.
 content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32018R0213&from=FR
 16  Santé Publique France. Études et Enquêtes. Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l’environnement en France en 2011. Volet périnatal du programme
 national de biosurveillance mis en œuvre au sein de la cohorte Elfe. Tome 1 : polluants organiques. Décembre 2017.
 17  Viel JF et al. Pyrethroid insecticide exposure and cognitive developmental disabilities in children : the PELAGIE mother-child cohort. Env internat. 2015 ;82 :69-75   L’agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC) a recensé 56 actions de DPC
 18  Philippat C et al. Prenatal Exposure to Nonpersistent Endocrine Disruptors and Behavior in Boys at 3 and 5 Years. Environ Health Perspect. 2017 ;125(9) :097014  traitant des PE, entre 2013 et 2017, à destination des professionnels de santé libéraux conventionnés
                     et salariés des centres de santé conventionnés. Le nombre d’actions est en forte augmentation et
                                                                                                                8
                     correspond aux orientations que préconise le dernier rapport de l’IGAS pour former les professionnels .

         19  Mirakian P. Prévention vis-à-vis des perturbateurs endocriniens en période préconceptionnelle et périnatale. Vocation Sage-femme. 2017 ;128 :18-21



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