Page 47 - l'inné et l'acquis, le magazine qui a du chien N°2 mars_avril 2021
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L ' I N N É E T L ' A C Q U I S
Elle était un amour avec un énorme défaut !
C’était une fugueuse née et impossible de lui
faire passer l’appel du grand large ! Elle se
faisait la malle régulièrement et nous devions
courir derrière pour la ramener à la maison. À
elle, le poulailler du voisin et à nous, les
ennuis !
Ce défaut a causé sa perte et notre chagrin. À
l’âge de ses sept ans ! J’étais en train
d’arroser les arbustes fraîchement plantés
dans la maison que nous venions de
construire. Orane jouait avec moi jusqu’à ce
qu’elle entende un bruit dans la rue.
Malgré mes NON, elle a sauté la clôture de 1
mètre 50 comme moi je saute 20 centimètres.
Pendant une heure, je l’ai suivie. Elle
repartait de l’avant dès que je m’approchais.
Et, à l’orée d’un champ de maïs, elle m’a
regardée fixement. J’en avais froid dans le
dos et les larmes coulaient. J’avais la
sensation terrible
qu’elle gravait mes traits dans sa mémoire avant de me dire au revoir. Et je ne me
trompais pas. Elle a tracé dans ce champ à la vitesse de l’éclair et nous n’avons
jamais su ce qu’était devenu notre chien-loup.Le chagrin était lourd à porter. Nous
l’avons cherchée pendant des jours. Sans succès. Un mois plus tard, mon mari
entend parler d’une petite labrador noire avec une tache blanche qu’une dame veut
abandonner. Elle vient juste de naître. Nous décidons de lui offrir une place dans
notre maison et si Orane revient, nous aurons deux chiens. Nous accueillons notre
chiot à sept semaines, car la dame ne veut plus la garder. Notre Altea restera très
craintive toute sa vie. Elle a été séparée trop tôt de sa maman et elle avait
constamment besoin d’être rassurée.
Ce qui me convenait parfaitement, je l’avoue !
Mais, ne l’a pas aidée. J’étais si traumatisée
par la fugue d’Orane que je refusais de quitter
Altea des yeux. Sans le vouloir, j’ai entretenu
son sentiment de peur. Je la promenais et elle
craignait le moindre bruit. Au lieu de
poursuivre sans y prêter attention, je la
cajolais et lui disais que tout allait bien.
Sous-entendu qu’elle avait raison de croire
qu’il y avait un danger. Petit à petit, j’ai
compris que son comportement n’était que le
reflet de ma peur panique à moi et qu’il est
important de ne pas reporter nos problèmes
sur eux. Ils ressentent chacune de nos
émotions.
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