Page 12 - Les contes de la Lune
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L’esprit fit un pas hésitant, puis un autre. Dans ce monde inconnu tout lui paraissait anormal,
distordu. Alors qu’il marchait toujours plus
loin, son éclat divin s’affaiblit, doucement puis
de plus en plus vite. Et il finit par s’éteindre
totalement. Son estomac gronda soudain :
« Oh, je suis si fatigué et j’ai tellement faim !
Comment les mortels peuvent-il supporter cela
? »
Sur la lune, il suffisait d’une pensée pour se
sentir reposé et avoir le ventre plein. L’esprit
s’assit sur une large pierre, et se pelotonna pour
lutter contre le froid.Lesroncesavaientréduit
ses beaux voiles en lambeaux. Autrefois radieux, il ressemblait à présent à un véritable mendiant,
couvert de boue et d’écorchures.
Soudain, les ombres bougèrent. L’esprit se dressa d’un bond alors qu’une voix s’élevait des fourrés :
– Non, n’ait crainte petite chose.
Un renard apparut à pattes de velours, sa fourrure rousse brillant d’un éclat chaud. Une autre voix
résonna dans un arbre :
– Nous ne te voulons aucun mal.
Perché sur une basse branche, un singe regardait l’esprit avec pitié. Une troisième voix ajouta :
– Tu as l’air d’avoir des ennuis. Tout va bien ?
Un lapin vint s’asseoir sur la pierre, ses yeux pleins de compassion.
A ce moment là, l’estomac de l’esprit gronda à nouveau. Il murmura, fort embarrassé :
– J’ai vraiment très faim…
Les trois animaux se regardèrent puis acquiescèrent, d’un air résolu. Le lapin lui tapota
affectueusement la jambe :