Page 13 - Les contes de la Lune
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– Ne t’inquiète pas, nous allons t’apporter de quoi manger.
Et avant que l’esprit n’ait pu ouvrir la bouche, la forêtlesengloutitànouveau.L’apparitiondivineeut
un léger sourire et songea, alors qu’il levait les yeux vers le ciel nocturne :
– Quelles bonnes âmes. La terre n’est peut être pas un endroit si terrible après tout…
Le singe fut le premier à revenir. Se balançant de branche en branche, il bondit gracieusement aux
pieds de l’esprit. Dans ses bras, l’animal malin tenait des fruits mûrs et juteux.
– Ça va te requinquer tu verras !
L’esprit était fort touché par cette offrande sincère. Mais, avant qu’il n'ait pu remercier le singe, le
renard réapparut, tenant un poisson d’argent bien gras dans sa gueule.
– Voilà de quoi manger à ta faim !
L’esprit éclata de rire, le cœur rempli de joie.
– Vous êtes si bons avec moi ! Et quels chasseur et cueilleur talentueux vous faites !
Sous les fourrés, le lapin se recroquevilla, plein de honte. Le pauvre n’avait pas eu autant de chance
que ses amis. Il avait cherché partout mais sans succès. Et le voilà qui revenait pattes vides. Les
oreilles tombantes, le petit animal se lamenta :
– Je dois trouver quelque chose pour aider ce malheureux mendiant. Mais quoi ?
Le lapin finit par rejoindre l’esprit et dit au singe et au renard :
– Je ne suis pas encore tout à fait prêt. Pourriez vous allumer un feu ? Cette pauvre chose est
transie jusqu’aux os.
Ses compagnons ne se firent pas prier et bientôt, un bon feu craquait et dansait devant l’esprit qui y
réchauffa vite ses mains gelées. Le lapin soupira et se tint courageusement devant la flambée. Il
s’inclina et dit, d’une voix tremblante :
–Pardonnemoipauvremendiant,maisjen’airiend’autreàt’offrirquemoimême…Je-jevaisdonc
sauter dans ce feu… je serais vite cuit à point et tu pourras alors me manger.