Page 23 - Rebelle-Santé n° 197
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Rebelle-Santé N° 197 23
par Didier Le Bail
l’Asie (notamment au Japon), de même qu’en région méditerranéenne (Italie, Espagne, Grèce, Turquie...). Les régimes alimentaires traditionnels pratiqués dans ces différentes zones géographiques (régime crétois, régime Okinawa) se caractérisent par leur richesse en aliments santé tels que fruits, légumes, poissons gras, soja fermenté, huile d’olive, vin rouge, thé vert, aro- mates et épices (curcuma).
Tous ces aliments contiennent des composés aux ver- tus anti-inflammatoires et antioxydantes, en particu- lier des polyphénols (resvératrol du vin rouge, épigal- locatéchine gallate ou EGCG du thé vert, oleuropéine et hydroxytyrosol de l’huile d’olive, quercétine de l’oignon, curcuminoïdes du curcuma, génistéine du soja) et des vitamines (C, E), sans oublier les oméga 3 présents dans les poissons gras.
et la ComPlémentation ?
Il est très malaisé de faire évoluer ses habitudes ali- mentaires, d’autant plus quand on est persuadé que la façon dont on mange est correcte. En témoigne un sondage assez récent, où l’on a interrogé les Français sur leur alimentation. Résultat : ils sont 86 % à l’éva- luer comme étant « très bonne » ou « plutôt bonne », et 73 % à la considérer « variée et équilibrée »... alors que pratiquement la moitié d’entre eux sont en surpoids ou obèses. Cherchez l’erreur !
Dans ces conditions, une complémentation adaptée ne pourrait-elle pas constituer une option thérapeu- tique intéressante pour des personnes en surpoids subissant une inflammation chronique silencieuse objectivée par un dosage sanguin mettant en évidence une légère élévation du principal marqueur de l’in- flammation, à savoir la protéine C-réactive ?
ComPlémentation versus inflammation
C’est exactement l’idée qu’ont eue des chercheurs néerlandais il y a quelques années. Dans le cadre d’une étude randomisée, ils ont réuni plusieurs dizaines de volontaires âgés de 45 ans en moyenne, dont l’IMC frôlait les 30 ! Pour pouvoir participer à cette étude, ils ne devaient souffrir d’aucune maladie chronique
associée à l’inflammation et n’avoir développé aucun des signes habituels du syndrome métabolique (sucre et lipides sanguins élevés, tension artérielle élevée...). Bref, ils devaient être en (relative) bonne santé. Dernier détail : durant l’étude, on leur demandait de continuer à se nourrir sans rien changer à leurs habitudes.
À l’image de l’alimentation, qui fournit un large panel de micronutriments agissant en synergie, les chercheurs ont concocté un cocktail de composés aux propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes déjà bien établies : resvératrol, EGCG, vitamines C et E, oméga 3 EPA/DHA et lycopène. Disposant de moyens analytiques très performants, ils ont pu, par la suite, évaluer les effets de ce cocktail en identifiant et quantifiant plusieurs centaines de composants (gènes, protéines, métabolites) présents dans les fluides ou les tissus (sang, urine, tissu adipeux). Bien leur en a pris, car si les valeurs de la protéine C-réactive n’ont pas vraiment bougé, une multitude de modifications subtiles ont ainsi pu être relevées, attestant d’une at- ténuation de l’inflammation et du stress oxydatif, et d’une augmentation de l’oxydation des acides gras dans le foie au sein du groupe complémenté, compa- rativement au groupe placebo (2).
Une étude très récente de même calibre que la précé- dente, et pour les besoins de laquelle des personnes en surpoids ou déjà obèses ont reçu un complément à base de quercétine, EGCG, oméga 3 EPA/DHA, vita- mines C, B3 et B9, a donné des résultats comparables, autrement dit pas de modification notable des valeurs de la protéine C-réactive, mais une régulation très en amont de la réponse inflammatoire, en l’occurrence au niveau de l’ARN, messager de l’information géné- tique (3).
Au vu des résultats de ces études, on peut en conclure que les complexes à base d’ingrédients naturels anti- inflammatoires agissent de manière lente mais pro- fonde sur l’inflammation chronique à bas bruit. D’où l’importance de procéder à des cures suffisamment longues pour en retirer le maximum de bienfaits.
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