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RENCONTRE
   belle que quand on est seul avec elle. La quête de l’émerveillement fait du marcheur un chercheur d’or et de sensations. J’ai assisté à des scènes de nature incroyables, j’en glisse certaines dans mes romans. Ce sont toujours des moments uniques, surprenants et souvent insolites, c’est rare dans une vie où tellement de choses sont attendues, normales, convenues. La nature nous offre encore un espace d’aventures, même si ce n’est pas forcément une aventure au long cours. Pas besoin d’aller en Afrique voir un éléphant, autour de chez soi, on peut toujours découvrir quelque chose qui déconcerte, imprime, émeut.
Les animaux marquent les étapes du parcours : des oiseaux comme le gypaète ou le Circaète Jean-le- Blanc, des tortues, des ours ou encore l’euprocte. Quelle importance accordez-vous à ces rencontres ?
Je n’ai pas oublié que l’humain était une espèce ani- male et je me considère d’abord comme un animal parmi les animaux. Se rappeler de temps en temps cette condition première permettrait peut-être de vivre en meilleure harmonie avec la nature et le monde. Je suis toujours fasciné de voir un oiseau voler même si je sais que c’est sa nature profonde. L’observation des oiseaux est souvent la première étape pour devenir naturaliste. Comme on les entend facilement, il est toujours plus facile de les voir. Je reste un amateur et
j’ai plein de lacunes, on n’arrête jamais d’apprendre. La rencontre avec les mammifères est toujours un mo- ment d’excellence. Vous êtes dans une forêt et soudain vous vous retrouvez devant un renard ou une biche. Tellement de choses se disent. On se ressent animal, et je suis toujours dans la nature porté par ce désir, à la recherche de ce moment de grâce absolue, la magie de la rencontre avec un animal qui vous regarde. Ce sont souvent des moments qui arrivent quand on ne s’y attend pas.
Le plaisir occupe une place centrale dans votre livre : « Épicurien d’un jour, épicurien toujours », est-ce votre devise ?
En tant qu’écrivain, ma vocation est de faire plaisir aux gens en leur racontant des histoires. « Si la littérature ne fait pas rigoler, ce n’est pas la peine d’y aller ! ». Je voulais surtout éviter le récit pontifiant et aborder cette marche avec décontraction, à tel point que tous les vins y passent ! Je suis un bon vivant. Dehors, dans la nature, je suis aux aguets, palpitant de plaisir. Rien ne me remplit plus de bonheur qu’une belle scène de nature mais je ne peux pas écrire des romans en mar- chant. Finalement ici, je raconte comment je voudrais vivre idéalement tout le temps, et j’espère que c’est un livre qui peut faire du bien, comme une bonne marche me fait du bien. Ça ne m’empêche pas de
Gypaète
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