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  NATURE
territoire se modernise avec une in- dustrialisation et une urbanisation de la région pour relocaliser les nomades. Ils avaient besoin d’aide pour garder leur autonomie et pour savoir vivre dans ce monde nou- veau avec des codes et des savoirs qui leur étaient étrangers. L'institut des nomades est né presque 10 ans plus tard.
Dans cet institut, la préservation de la biodiversité est très présente...
Les nomades sont les gardiens de cette biodiversité. Ils connaissent tellement bien la flore et la faune sauvage, ils savent respecter les équilibres entre les différentes es- pèces et variétés qui existent sur le plateau. C'est un écosystème ex- trêmement fragile. De plus, sur ce haut plateau tibétain, se trouvent la plupart des sources des grands
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fleuves d'Asie. C'est une réserve d'eau potable inestimable, et les nomades sont aussi les gardiens des sources, qu’ils préservent de la pollution et de l’érosion. L’Institut des nomades veille donc à la pré- servation de ces savoirs et de ces équilibres.
Ensuite, vous êtes devenue guide spécialisée en écotourisme dans l'Himalaya et vous avez créé votre propre agence...
L'idée était de réinventer une ma- nière d'être Tibétain bouddhiste dans la société moderne tibétaine, avec une dimension écologique. J'ai donc agi en tant que consultante vis-à-vis d'agences de voyages, car il y a beaucoup de tourisme au Ti- bet. Tout le monde a compris que c’était un enjeu pour l'environne- ment de développer un tourisme responsable. Nous avons créé
une plate-forme d'agences avec un écolabel « Global Nomad ». Et puis, cela s’est décliné à d'autres domaines d'activité. Notamment dans l'éducation pour réintégrer la langue tibétaine dans les mater- nelles ou la pratique de méthodes qui mettent l’intelligence émotion- nelle au cœur de l’apprentissage...
Est venue alors la première ascension de l'Everest. Qu’avez-vous ressenti ?
Il y a d'abord le contact avec la difficulté, et la souffrance qui s'est élargie pour résonner avec celle de la montagne qui a été polluée, dégradée, avec des cou- lées de déchets depuis le camp de base jusqu'au sommet. Cela forme en moi une sorte de brisure par laquelle naît cette motivation de rendre à la montagne sa pure- té. Et puis, sortant du monastère,
 























































































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