Page 63 - Rebelle-Santé n° 232
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L’ÉPICONDYLITE OU TENDINITE DU COUDE
UNE TENDINITE D’EXCEPTION
La tendinite du coude, qu’on appelle épicondylite, est très certainement la tendinite la plus coriace à soigner. Une prise en charge précoce est essentielle pour éviter un passage à la chronicité.
URGENCES
Dr Daniel Gloaguen
Sport, activité profession- nelle ou domestique, jar- dinage, bricolage... au-
tant d’activités manuelles qui peuvent être sources de ten- dinites, dès lors qu’elles com- portent des mouvements répétés, réguliers et/ou quotidiens, qu’il s’agisse de tenir un manche de raquette ou de pelle, un tournevis, un marteau... ou même de tour- ner une clé dans une serrure ! Et dans ce domaine, les tendinites du bras dominant, et en particulier du coude, sont les plus redoutées car elles peuvent déboucher sur un handicap important, source d’arrêt professionnel ou sportif parfois. Il faut réagir vite pour ne pas laisser la pathologie s’installer durable- ment.
L’ÉPICONDYLITE, C’EST QUOI ?
L’épicondylite, qu’on appelle éga- lement « tennis elbow », corres- pond à une inflammation tendi- neuse située à l’extérieur du coude, au niveau de la saillie osseuse sur laquelle s’insèrent de nombreux
tendons correspondant à de nom- breux muscles « épicondyliens ». Repérer cette masse tendineuse est facile : il suffit de poser ses doigts sur cette saillie osseuse et de bou- ger le poignet et les doigts pour sentir les contractions sous la peau. Tous les muscles qui concourent à fermer la main et les doigts tout en étendant le coude sont mis à rude épreuve dans les travaux manuels.
DOULEUR SOURDE
L’épicondylite se manifeste par une douleur sourde au niveau de l’insertion des tendons. La palpa- tion des tendons réveille la dou- leur. La flexion du coude n’est pas douloureuse mais l’extension l’est. Enfin, n’attendez ni rougeur ni gonflement avant de réagir car ces deux symptômes font toujours défaut.
D’ABORD LE REPOS...
Plus que toute autre tendinite, l’épicondylite réclame une mise au repos absolue, avec l’arrêt de toute activité de l’avant-bras et du coude. Trois semaines sont néces- saires dans un premier temps, jusqu’à six mois ou plus parfois. Côté traitement, les anti-inflam- matoires (voie orale, pommade ou crème...), la très efficace huile
essentielle de gaulthérie en mas- sages, l’argile verte en cataplasmes, l’usage d’une coudière de maintien et bien entendu la kinésithérapie (ultrasons, massages transverses
profonds, stretching...) per- mettent de soulager les dou- leurs.
... AVANT INFILTRATIONS
Ce n’est que lorsque les douleurs persistent qu’il peut être envisagé de recourir aux infil- trations de corticoïdes au point d’insertion des tendons, à une in- tervention chirurgicale (microténo- tomie-peignage tendineux, arthro- scopie...) ou à une infiltration loca- lisée de plasma riche en plaquettes
(PRP), le tout sous échographie.
Dr Daniel Gloaguen
BON À SAVOIR L’épicondylite :
• se manifeste plutôt entre 30 et 50 ans
• est plus fréquente en hiver, quand il fait froid et humide
• est reconnue comme maladie professionnelle donnant le droit à une indemnisation en fonction de la limitation des mouvements (barème indicatif des taux d’invalidité)
• peut être entretenue par une carie
• peut être évitée par un échauffement avant un effort et l’utilisation d’un matériel adapté
• peut être causée par des erreurs hygiéno-diététiques (abus d’aliments riches
en protéines, hydratation insuffisante, tabagisme...).
PIÈGES DIAGNOSTIQUES
• Poussée d’arthrose aiguë du coude
• lésion du ménisque dans l’articulation radio-cubitale
• inflammation de l’articulation radio-cubitale (entre le radius et le cubitus)
• lésion du cartilage de la tête du radius
• douleur projetée sur le coude provenant d’un conflit entre deux vertèbres cervicales (5e, 6e ou 7e)
• compression du nerf radial.
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