Page 114 - Rebelle-Santé n° 190
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pathologies
LA LUDOPATHIE ou quand le jeu devient pathologique
L’amour immodéré du jeu peut devenir problématique lorsqu’il prend la place centrale de la vie, au détriment du reste. C’est la ludopathie, autrement dit le jeu pathologique, une pratique addictive à haut risque pour la santé.
Hypothéquer sa maison, vendre ses biens et par- fois ceux des autres, emprunter ou recourir à des crédits, sans parler des délits ou d’actes de délinquance (vols, abus de confiance, contrefaçons de chèques...), les conséquences de la pratique pathologique du jeu peuvent être dramatiques pour la personne concernée, mais aussi pour son entourage familial et professionnel, souvent à court de solution. On ne parle donc pas de la pratique du jeu « de loisir », essentielle dans la convivialité et dans l’apprentissage de la vie en société, pour les enfants notam- ment, mais d’une pratique addic- tive qui concernerait 1 à 2 % de la population mondiale et 400 000 à 800 000 Français. Plus inquiétant, 1,5 million de personnes seraient déjà des joueurs excessifs risquant de basculer dans le jeu patholo- gique.
PERTE DE CONTRÔLE
Au départ, cette addiction peut être déclenchée par des contin- gences économiques : d’abord, la personne joue pour tenter de gagner sa vie, jusqu’à ce qu’elle perde le contrôle. Car de simples petites mises ne suffisent plus à le satisfaire et le joueur engage de plus en plus d’argent dans le jeu. La ruine est toujours au bout de
la route. Et quand il ne s’agit pas de jeu d’argent, c’est le jeu virtuel qui prend possession du joueur et qui occupe toute sa vie, de jour comme de nuit.
UNE PARTIE QUI SE JOUE... À TROIS !
Fort heureusement, tous les joueurs ne sombrent pas dans l’enfer du jeu. La ludopathie ré- sulte de la rencontre entre une personnalité (prédisposition ?) et un produit (ici le jeu), le tout dans un environnement favorisant. Si le jeu ne produit aucun plaisir et ne correspond à aucune attente par- ticulière, il n’y aura pas d’addic- tion. En revanche, si le jeu produit un bien-être important, voire un plaisir intense, venant « gommer » un mal-être ou un problème exis- tentiel, gare à la dépendance ! Elle devient un véritable problème dans notre société, tant les offres de jeux sont nombreuses et variées (casinos, jeux de grattage, poker, jeux en ligne, PMU, loto, etc.).
LES MULTIPLES VISAGES DU JOUEUR
Schématiquement, on distingue trois types de joueurs :
uLes amateurs de sensations fortes à la recherche du risque (hommes et jeunes surtout) et adeptes du jeu compulsif.
uCeux pour qui le jeu devient une forme d’automédication de leurs problèmes ou de refuge : dépression, solitude (personnes âgées)...
u Les joueurs par habitude, chez qui le jeu est culturel, comme les turfistes.
Dans tous les cas, le joueur conti- nue de jouer malgré les pertes, car il pense contrôler le hasard et qu’un jour ou l’autre, la roue va bien finir par tourner en sa faveur. Consulter pour arrêter, c’est donc accepter d’une certaine façon que l’argent perdu (ou la vie perdue devant un écran) le sera à jamais et que le jeu a finalement gagné, ce que le joueur n’est pas toujours prêt à faire.
DOPAMINE
Comme son nom l’indique, la lu- dopathie est donc pathologique. C’est une addiction, dite « sans produit ». Le responsable est le même que pour les autres addic- tions : le circuit de la récompense, autrement dit le besoin impérieux de dopamine ressenti par le cer- veau. Le recours inlassable à la pratique addictive permet de syn- thétiser de la dopamine qui pro- duit une sensation de plaisir, une excitation, une tension psychique et, au final, une forme d’accal- mie... jusqu’à ce que le cerveau,
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