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MÉDECINE D'HIER ET D'AUJOURD'HUI
Rites et prière font souvent partie du remède. Remède qui peut être médicamenteux, sous forme de breuvages, d’aspersions, de fumi- gations ou de cataplasmes, ou mé- canique, le retrait du pénis, l’usage d’une capote ou d’un tampon, dont l’efficacité peut être renforcée par des recettes à base de plantes.
La contraception engage les deux partenaires. Elle empêche la pro- création, mais protège aussi des maladies vénériennes. En boyau, en peau de serpent, personne ne peut dire quand le préservatif a été inventé.
En 1564, Gabriel Fallopio ima- gine un fourreau de lin impré- gné d’une décoction astringente, pour prévenir les maladies. Le mot de « condom » vient du verbe « condere » en latin « cacher, pro- téger ». L’usage se banalise peu à peu.
Les préservatifs se perfectionnent avec la découverte du latex en 1839, mais ils n’apparaîtront sur le marché qu’en 1870.
Sous la IIIe République, le cou- rant libertaire néo-malthusien mi- lite pour la contraception. Pierre Robin installe en 1889 un centre de consultation et de vente de pro- duits anticonceptionnels à Paris.
En 1909 est publié un premier guide sous le titre « Moyens pour éviter la grossesse ».
Avec les guerres, les lois natalistes de 1920 interdisent l’avortement et la contraception, et poussent les militants dans la clandestinité.
Les découvertes du XXe siècle
Si le principe était connu depuis l’Antiquité et a même été observé dans les momies égyptiennes, en 1928, Ernst Gräfenberg, le sexo- logue allemand qui fit l’hypothèse du Point G, invente le premier sté- rilet, en argent.
En 1924, Kiasuku Ogino, un mé- decin japonais, met au point sa
méthode pour mieux connaître les périodes de fertilité, c’est la fameuse méthode Ogino, rendue célèbre par ses échecs, les « bébés Ogino ». Pourtant, Kiasuku Ogino avait prévenu : il avait bien dit que ça ne pouvait pas être efficace en matière de contraception ! C’est un Allemand, Hermann Knaus, qui n’en a pas tenu compte et a voulu en faire une méthode contraceptive. Kiasuku Ogino n’y est pour rien.
Puis, il y a eu la méthode de Billings, avec l’observation de la glaire cervicale...
• La pilule Une infirmière, Margaret Sanger,
fonde en 1923 à New York le pre- mier centre de planning familial. Trois ans plus tard, il en existe 250 aux États-Unis. Avec Gregory Pincus, elle ouvre en 1951 le pre- mier centre de recherche sur les hormones sexuelles à Mexico. Luis Miramontes y met au point une synthèse d’œstrogènes et de progestérone, la noréthistérone, qui empêche l’ovulation. Les pre- miers essais de la pilule contracep- tive à Porto Rico débutent en 1954. La pilule Enovid® est ainsi autorisée aux États-Unis en 1957 et commer- cialisée en 1960.
En France, en 1956, naît le mou- vement « La maternité heureuse », prélude au Mouvement Français pour le Planning Familial (MFPF) créé en 1960 qui milite en faveur de tous les types de contraception.
Le premier centre (CPF) ouvre en 1961, à Grenoble, dans la semi-clandestinité. Il diffuse des diaphragmes et des crèmes sper- micides. La pilule Enovid® est in- troduite, rejointe par Anovlar® en 1964, officiellement et hypocrite- ment prescrite pour régulariser les règles.
En 1967, la loi Neuwirth vient finalement abroger la loi répres- sive de 1920. Cette loi permet l’importation, la fabrication et la délivrance des contraceptifs, mais limite la « propagande » aux struc-
tures médicales ou aux plannings familiaux. Toutefois, les décrets d’application ne paraissent qu’en 1974, avant la loi Veil sur l’avortement, lorsqu'une nouvelle loi propose le remboursement des pilules contraceptives, sous la pression du Mouvement pour la Libération des Femmes (MLF) créé en 1969, puis du MLAC (Mouvement pour la Libération de l’Avortement et de la Contraception), en 1973. Cette loi garantissait l’accès pour les mi- neures à la contraception sans au- torisation parentale dans les CPF.
Entre 1967 et 1987, le pourcen- tage de femmes entre 15 et 49 ans prenant la pilule passe ainsi de 4 à 30 %. Les avancées de la recherche sont induites par cette consom- mation de masse. Des pilules aux dosages d’œstrogènes et proges- tatifs différents se succèdent sur le marché, sans diminuer toutefois les effets indésirables malgré les différentes générations de pilules. Tous les contraceptifs oraux œstro- progestatifs entraînent une aug- mentation du risque d'événement thromboembolique veineux, d'in- farctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral.
• Une palette de contraceptifs : les enjeux
Au début des années 70, des groupes d’hommes (au sein du MLAC : Mouvement pour la Li- berté de l'Avortement et de la Contraception) se réunissent et réfléchissent à leur participation possible à la contraception par des expériences (slip chauffant, traite- ments hormonaux).
L’Association pour la Recherche et le Développement de la Contra- ception Masculine (ARDECOM) est fondée en 1978. Il existe des hormones qui agissent pour empê- cher la spermatogenèse ; mais les recherches ne sont pas complète- ment concluantes.
Viennent ensuite les éponges contraceptives avec spermicide en 1990.
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