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RENCONTRE
Que s'est-il passé ensuite, comment êtes-vous arrivée à St-Jeannet ?
Après 18 années de vie parisienne, je suis revenue vivre sur la Côte d’Azur auprès de ma famille qui me manquait tant. J’ai rencontré l'homme avec lequel je suis actuellement mariée. Nous avons eu ensemble un garçon.
Je suis arrivée dans un petit village du moyen pays. À ce moment-là, mon regard sur les choses a changé. J'ai rencontré des paysans, des vignerons qui travaillaient leur terre avec respect, je parlais aux voisins, aux commerçants alors qu'à Paris, je ne connaissais même pas mon voisin de palier alors que j'avais vécu à côté de lui pendant 8 ans !
Cette vie de contacts et de rencontres m'a plu et, tout en continuant à écrire, j’ai naturellement adopté de nouvelles habitudes. C'est pour cela que j'ai la sensation d'avoir vécu deux vies. C'est un peu comme si c'était ma jumelle qui avait vécu les paillettes et moi qui étais là, à ma place ici.
J'ai fait de belles rencontres avec des gens qui vivent plus simplement, en proximité avec la nature. Mon mari, sensible à la médecine chinoise, amoureux de la montagne et de la randonnée, m’a entraînée dans un mode de vie proche de la nature que je ne connaissais pas du tout.
L'ouvertureàlanatures'estmanifestéedequelle manière ?
Je partais en randonnée avec un sac à dos pour la journée ou le week-end ; j’étais loin des palaces fréquentés en tournée... J'ai arrêté de danser, mais j'ai découvert une autre manière d'entretenir mon corps tout en étant en harmonie avec la nature, une sorte de révélation sensorielle. Une paix.
Quelle est cette nouvelle manière d'entretenir le corps ?
Faire de la gymnastique, si possible de façon quotidienne et marcher aussi beaucoup. La maison se trouve sur le chemin du Baou de St Jeannet.
J'ouvre ma porte et je pars, avec mes amis, tous sportifs. Marcher est bénéfique pour les muscles, le sang, les tendons, le cœur. Le bon air me dope. On évacue ainsi les tensions, la marche ayant des vertus thérapeutiques formidables.
C'est d'ailleurs comme ça, avec mes amies, Erika et Nathalie, que nous avons décidé de passer à l'action.
Quel a été le sujet déclencheur ?
Nous en avions assez de voir nos enfants rentrer de l'école sans avoir rien mangé, affamés. Il leur était même impossible d'identifier le contenu des assiettes. Mon fils m'a même raconté un jour avoir mangé une « sorte de peau de daube ».
Au cours d'une balade, on a décidé d'aller enquêter pour constater ce que les enfants mangeaient.
Vous êtes donc allées visiter la cantine...
Oui, nous sommes allées voir de quoi étaient composés les menus des enfants. Les aliments étaient en effet difficilement identifiables.
Le maire, très ouvert, a accepté un projet de cantine bio. Nous avons créé un comité de pilotage et commencé par effectuer un sondage dans le village : « Seriez-vous prêts à payer un tout petit peu plus pour un repas équilibré, frais, et bio ? »
Les habitants ont répondu de façon très positive. La mairie et ses agents de service nous ont suivies et on a même pu participer à la réflexion sur les appels d'offres relatifs à la cantine. On a demandé du pain bio, des produits locaux, moins de viande, des légumes et des laitages bio. Tout cela s'est fait progressivement, jusqu'à obtenir des repas totalement bio pendant une année.
Est-ce que le bio a impacté le budget cantine de façon importante ?
La municipalité a fait un effort et les personnes ont très bien accueilli le projet, car le gaspillage a disparu. Avant, des plateaux repas entiers partaient à la poubelle, générant de nombreux déchets, le bio a réduit complètement les pertes alimentaires, car les enfants se sont mis à manger tout ce qu'on leur proposait.
Avez-vous constaté des changements dans le comportement des enfants en dehors de la cantine ?
Oui. Les enseignantes nous ont rapporté que les enfants étaient plus attentifs en classe. Les dames de cantine ont trouvé un autre intérêt à leur travail : offrir aux enfants de bons plats, c'est beaucoup plus valorisant et source de reconnaissance. Terminées les injonctions de terminer les assiettes, les plats se vidaient naturellement. Ça change complètement le
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© Virginie Parée


































































































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