Page 10 - Rebelle-Santé n° 231 - Extrait "Covid"
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 NUTRITHÉRAPIE
 VITAMINE D & COVID-19
Trois études épidémiologiques, l’une du Trinity Col- lege de Dublin (Irlande), l’autre de la Northwestern University d’Evanston (États-Unis) et la dernière, du Queen Elizabeth Hospital de Manchester (Angle- terre), ont rapidement montré que la sévérité de la maladie et le taux de mortalité étaient corrélés au taux de vitamine D des patients.
Confirmation a été apportée par deux autres études asiatiques prépubliées dès le mois d’avril 2020. La première a été réalisée aux Philippines (2). Sur un échantillon de 212 patients, il est apparu que les taux de vitamine D les plus bas s’observaient chez les patients atteints de façon sévère ou critique par la maladie, alors que ceux touchés de manière lé- gère avaient les taux de vitamine D les plus élevés. La seconde étude, conduite en Indonésie, a impliqué 780 patients positifs au covid (3). Le taux de morta- lité a été de 98,8 % chez les patients manquant de vitamine D (< 20 ng/ml) et de seulement 4,4 % chez ceux avec taux convenable (> 30 ng/ml) !
Alors que je terminais l’écriture de cet article, j’ai pris connaissance des résultats édifiants d’une étude allemande réalisée au sein du Medical Uni- versity Hospital d’Heidelberg, à savoir que l’on est 6 fois plus à risque de faire un covid sévère et 15 fois plus à risque de décéder du covid quand on est carencé en vitamine D (< 12 ng/ml) ! (4)
Des chiffres proprement ahurissants qui confirment combien j’étais dans le vrai en insistant, dès début mars 2020, sur l’importance de la vitamine D dans la lutte contre le Covid-19, tant d’un point de vue préventif que curatif. L’Académie Française de Mé- decine a fini par abonder dans mon sens, comme l’atteste son communiqué du 22 mai à propos de la vitamine D.
 consommés en excès. À noter qu’il est contre- indiqué de se supplémenter en fer pendant une in- fection dans la mesure où virus et bactéries utilisent le fer comme facteur de croissance.
 Dans ces multivitamines, la vitamine A (d’origine animale) est remplacée par son précurseur, le bêta- carotène (d’origine végétale), sauf que pour des rai- sons génétiques ou médicales, une minorité impor- tante de la population a plus ou moins de difficultés à convertir le bêta-carotène en vitamine A. Pour un apport complémentaire en vitamine A, se tourner vers l’huile de foie de morue, plus communément asso- ciée à la vitamine D qu’à la vitamine A, alors qu’elle contient, en réalité, dix fois plus de vitamine A que de vitamine D !
 Les personnes en relative bonne santé suivant un régime alimentaire bio de type méditerranéen peuvent faire l’impasse sur les multivitamines, mais pas sur les vitamines C et D. Idem pour tous les autres, car les multivitamines n’assurent pas des apports réelle- ment optimaux en vitamines C et D.
Concernant la vitamine C, visez un apport journalier d’au moins 200 mg en préventif, 500 mg en période d’épidémie et 1000 mg, voire plus, en cas d’infec- tion. Comme un multivitamines standard fournit une dose de 80 mg correspondant aux VNR, il n’y a donc d’autre choix que de prendre une dose complémen- taire de vitamine C, de préférence 100 % naturelle et bio.
Pour ce qui est de la vitamine D, il devient courant de trouver dans les multivitamines des doses cou- vrant jusqu’à 500 % des VNR, soit jusqu’à 1000 UI. On salue l’effort, mais cela reste néanmoins insuffi- sant. Comme il faut atteindre un taux sanguin égal ou supérieur à 40 ng/ml pour bénéficier pleinement des effets de la vitamine D au niveau immunitaire, cela implique de se supplémenter à hauteur de 4000 UI par jour pendant quelques mois. Là aussi, il n’y a donc pas d’autre choix que de recourir à un complément de vitamine D avec goutte dosée à 1000 ou 2000 UI.
 Les multivitamines ne contiennent pas non plus d’oméga-3 EPA/DHA. Si l’on ne consomme pas ré- gulièrement de poissons gras et que l’on souffre d’in- flammation chronique à bas bruit – c’est le cas, par exemple, des personnes atteintes de troubles cardio- vasculaires, de diabète ou de dysbiose intestinale –, il est plus que conseillé de se supplémenter réguliè- rement en oméga-3 EPA/DHA à raison de 1000 mg à 3000 mg par jour.
Didier Le Bail
Notes :
(1) Aux États-Unis, une enquête de l’IPSOS a révélé que les trois compléments alimentaires dont les ventes avaient le plus progressé pendant la pandémie étaient les multivitamines (+59 %), la vitamine C (+44 %) et la vitamine D (+37 %).
(2) Alipio MM, Vitamin D supplementation could possibly improve clinical outcomes of patients infec- ted with coronavirus-2019 (COVID-2019), 2020, Pre- print available at SSRN.
(3) Raharusuna P and al, The role of vitamin D in the prevention of coronavirus disease 2019 infection and mortality, 2020, Preprint available at SSRN.
(4) Radujkovic A et al, Vitamin D deficiency and out- come of COVID-19 patients, Nutrients, 2020 Sep.
 20 Rebelle-Santé N° 231
















































































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