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AncrAge et SenSAtionS
Arrivés à la carrière, chacun est à pied, le cheval au bout d’une longe. À l’arrêt, à côté de notre compagnon quadrupède, commencent les exercices d’ancrage et de respiration, guidés par Valérie. La sensation étant un élément clé de ces séances, on se concentre alors sur la posture, les tensions, les relâchements musculaires et notre ancrage au sol. Toujours près de notre cheval, nous passons aux respirations profondes en nous focalisant sur trois centres : gorge, cœur et ventre. Il y a quelque chose d’un peu étonnant à faire des exercices de type yoga debout près d’un cheval ! Mais aucun ne s’impatiente. Peut-être parce qu’ils savent que nous n’allons pas tarder à nous mettre en mouvement.
quAlité de préSence
Mouvements tranquilles d’abord avec la marche près du cheval. C’est l’exercice qui m’a le plus impression- né. Il consiste à diriger le cheval, ou plutôt à l’amener à marcher avec vous à votre rythme, dans la direction que vous souhaitez, mais sans tirer sur la longe ! C’est votre attitude mentale, émotionnelle et corporelle qui indique précisément ce que vous souhaitez faire faire à l’équidé.
Quand ça marche, c’est un bonheur. J’ai ressenti alors une osmose assez troublante et un dialogue ou une écoute particulière lorsque je marchais, Nabius à mes côtés, devinant presque la prochaine direction et s’arrêtant en même temps que moi. Mais c’est de courte durée. Quelques instant après, je décroche une seconde, et mon Nabius en profite illico pour quitter ma direction et aller brouter une belle pousse
de pourpier, sur le côté de la carrière. Et pour lutter contre une monture de 500 kg, ça ne se joue pas sur le terrain des muscles...
comprendre le chevAl
Valérie, toujours à proximité – car je suis novice – m’explique. Il faut revenir à la place du cheval dans le règne animal. L’équidé est au bas de la chaîne ali- mentaire. Ce n’est pas un prédateur (il mange surtout de l’herbe), mais une proie. Et comme il n’a pas de moyen de défense, pas de cornes, pas les crocs d’un carnivore, il doit sa survie à la fuite. C’est donc un animal rapide et très réactif, toujours en alerte pour as- surer la survie du groupe. Pour l’amener à collaborer sans contrainte, il faut avoir ce rôle de vigie en mar- chant à ses côtés, la tête bien droite, le regard au loin, dans la direction souhaitée. Le cheval pourra alors se détendre. En ajustant la clarté de votre volonté, la pu- reté de votre intention et la qualité de votre présence, votre partenaire quadrupède pourra vous suivre. Quelle école de précision et quel miroir sur notre quali- té d’être ! Les chevaux sont de formidables enseignants, mais intraitables. Il n’y a pas de négociation possible : l’attitude est juste ou pas, la réponse est immédiate.
monter à cru
Cela se vérifie davantage sur le dos du cheval. On monte quasiment à cru, avec juste un tapis de selle. Sans étrier, il faut serrer les jambes pour bien sentir sa monture et communiquer avec elle. Valérie prévient : « Avec cette façon de monter, on épouse
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