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rencontre
Elle pourra faire des liens, dans un deuxième temps, si elle est prête à cette prise de conscience. Je sens que Valérie a acquis ce profond respect du mo- ment présent. Si, en tant que monitrice d’équitation, elle a toute la technique pour corriger les cavaliers dans un but de performance, ici, elle se focalise sur l’écoute et l’accueil de ce qui se présente, tout en gui- dant les participants. Du grand art, qui, je le subodore, s’est constitué avec l’épaisseur d’un chemin de vie.
un chevAl pour guide
Un chemin de vie qui a été guidé... par son cheval, Ottot. Valérie a gagné de nombreux concours et com- pétitions avec lui jusqu’à ce qu’il tombe malade au point de sortir des circuits. Cette série d’embûches et de maladies d’Ottot l’a conduite à s’interroger sur la façon de soigner son animal et de le nourrir. Elle a fi- nalement lâché la médecine traditionnelle pour s’inté- resser aux soins énergétiques. Puis, avec la magie des rencontres, elle s’est rapprochée de l’école de shiatsu équin de France et a découvert la médecine tradition- nelle chinoise. Elle a surtout compris que, derrière les maladies à répétition de son cheval (comme chez les humains), il y avait un message de mal-être à prendre en compte. « Mon cheval n’était pas heureux, il voulait que je lui offre une vie où il pouvait avoir un rôle sans être enfermé. Maintenant, il éduque des poulains et protège les poulinières. En fait, c’est lui qui a déclen- ché tous ces changements. Il m’a mise sur la voie.»
À l’occasion d’une conférence, elle a découvert une autre façon de travailler avec les chevaux, sans selle, sans filet, dans une dimension où l’on demande au cheval d’être partenaire de ce qu’on veut faire avec lui. Ce déclic a complètement changé sa façon de communiquer avec les chevaux et a ouvert la porte à la médiation équine.
C’est peut-être ce que souhaitait Ottot...
Christophe Guyon
Rebelle-Santé N° 198 17
3 queStionS à vAlérie prAdAlié
Quel est le point fort de la médiation équine ?
C’est une pratique qui oblige la personne à s’éle- ver d’un degré dans sa capacité de communiquer, pour être entendue par le cheval. Cela demande une grande exigence de présence. Les chevaux emmènent à chaque fois la personne là où c’est compliqué pour elle. Si la personne est prête à travailler, elle l’entend et le travail se fait. Les chevaux sont de vrais médiateurs de résilience...
Quel est le but ?
Tous les participants disent que c’est au moins un mo- ment où ils peuvent porter un regard non jugeant sur eux, car le cheval est juste un miroir reflétant ce qu’ils sont, sans déclencher de culpabilité. Ensuite, le but est différent pour chacun.
vous intervenez aussi en milieu carcéral...
À partir de 2013, je suis intervenue à la maison centrale de Poissy, d’abord ponctuellement, puis l’activité s’est pérennisée. Récemment, on y a fait construire des box et j’y anime un atelier de 4 jours tous les mois. Je tra- vaille avec les détenus de manière individuelle ou en binôme. Ils ont chacun quelque chose à travailler avec le contexte particulier de l’enfermement. L’année pro- chaine, je vais travailler avec le service pénitentiaire d’insertion de Versailles pour des personnes en liberté sous contrôle judiciaire. Elles vont pouvoir venir ici, au haras. Quand on arrive dans le pré et qu’il y a 15 che- vaux qui viennent vers vous, il faut savoir qui on est, où on habite et où est la vérité. Il y aura des propositions très intéressantes à faire. J’ai plein d’idées. C. G.
pour en SAvoir pluS
•Le haras de la Fresnay : www.haras-fresnay-houdan.fr •Sté Française d’équithérapie : sfequitherapie.free.fr •École de shiatsu équin : www.ecole-de-shiatsu-equin.com •Blog de la médiation animale : www.mediation-animale.org
Toutes les photos © Christophe Guyon