Page 7 - Rebelle-Santé n° 195 - Extrait "Dépression, des probiotiques à la rescousse"
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NUTRITHÉRAPIE
en plus de monde, illustre parfaitement ce qu’est la dépression exogène.
Le cas de la dépression endogène est complètement différent, en ce sens qu’aucune raison extérieure appa- rente ne semble pouvoir expliquer l’épisode dépressif. Autant la dépression exogène possède une forte com- posante psycho-sociale, autant la dépression endo- gène invite à explorer la piste biologique.
Illustration avec la dépression d’origine inflamma- toire ou pour le moins associée à une inflammation chronique. Oui, je sais, cela peut en dérouter plus d’un, mais il n’est pas rare qu’un processus inflam- matoire persistant fasse le lit ou accentue la sévérité d’une dépression ! En toile de fond, les interactions complexes entre système nerveux et système im- munitaire. En l’occurrence, on observe un emballe- ment immunitaire se traduisant par des taux sanguins anormalement élevés de composés immunitaires pro- inflammatoires.
L’imagerie médicale a permis de mettre en évidence que les composés immunitaires directement impli- qués dans l’inflammation chronique sont également présents dans le cerveau et que cela a pour consé- quence de modifier le fonctionnement de ce dernier, au risque de favoriser le développement de troubles de l’humeur ou d’un état d’anxiété.
L’axE intEstin-cErvEau
Cela étant dit, on n’est pas très avancé tant qu’on n’a pas réussi à déterminer la ou les causes de ce « feu » destructeur pernicieux qui dégrade le terrain biologique et perturbe le fonctionnement des neuro- transmetteurs. Les causes possibles, assez diverses, ramènent cependant souvent à la sphère digestive et plus particulièrement à ce « second cerveau » qu’est l’intestin.
LE cas dE Léa
Exemple d’un enchaînement fatal : Léa est une per- sonne de type mélancolique qui supporte de moins en moins bien le stress qu’elle subit au travail. Elle a déjà connu un épisode dépressif douze ans auparavant, et voilà qu’elle semble à nouveau développer des signes de dépression.
Son quotidien est plus ou moins gâché par des désordres gastro-intestinaux (sensation de ballonne- ment après le repas, nausées, maux de ventre, mau- vaise haleine...). Ce qu’elle ne sait pas, c’est que son estomac ne sécrète plus suffisamment d’acide chlo- rhydrique (hypochlorhydrie).
L’importancE du zinc
La production d’acide chlorhydrique nécessite la présence de zinc. Or le déficit en zinc est chose
relativement répandue au sein de la population. Léa est sans doute concernée, d’autant plus qu’elle manifeste certains signes de déficience en zinc tels que cheveux et ongles cassants, et sensibilité aux infections. Par ailleurs, les études épidémiologiques montrent que le fait de manquer de zinc pendant trop longtemps augmente le risque de dépression (idem pour d’autres nutriments tels que le magnésium, les oméga 3 et certaines vitamines du groupe B).
LE siBo Et sEs conséquEncEs
La faiblesse chronique du « feu » gastrique chez Léa favorise une prolifération bactérienne dans son petit intestin (intestin grêle). Cette prolifération est classiquement qualifiée de SIBO, acronyme anglais pour « Small Intestin Bacterial Overgrowth ». Le SIBO a pour conséquence d’irriter la muqueuse intestinale qui, à la longue, se fragilise et devient poreuse, laissant passer de plus en plus de toxines bactériennes, d’allergènes alimentaires et de toxiques environnementaux, qui vont activer les voies immuno-inflammatoires de l’organisme, y compris dans le cerveau.
L’ExEmpLE dEs toxinEs BactériEnnEs
Les lipopolysaccharides (LPS) sont des toxines bactériennes normalement présentes en très faible quantité dans le sang. Différentes études montrent qu’il suffit d'en administrer à de très petites doses à des volontaires pour qu’ils développent, suivant le cas, un état d’anxiété aigu, des symptômes dépressifs, des troubles cognitifs ou une sensibilité exacerbée aux douleurs viscérales (douleur ressentie dans les organes internes) !
Il est également établi que la production d’anticorps contre ces lipopolysaccharides est augmentée chez les personnes atteintes de dépression majeure. Le signe indubitable qu’elles souffrent d’un problème d’intestin poreux ayant manifestement de profondes répercussions sur leur humeur et leur comportement.
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Rebelle-Santé N° 195	23
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