Page 35 - Rebelle-Santé n° 204
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UN PEU d’hIStOIRE
C’est le chirurgien de Napoléon, François Broussais, qui relança l’intérêt des sangsues en traitant les maladies inflammatoires. Puis elles tombèrent aux oubliettes, jusqu’il y a une vingtaine d’années, lorsque la chirurgie traumatologique redécouvre ses vertus thérapeutiques. Aujourd’hui, les centres SOS mains les utilisent pour décongestionner des plaies ou faciliter la vascularisation d’une greffe et éviter une nécrose ou une amputation.
Mais l’hidurothérapie ne date pas d’hier ! On retrouve des traces de l’utilisation des sangsues à la Haute Anti- quité, en Égypte. Les écrivains grecs et latins décrivent leur utilisation et Pline la conseillait déjà pour traiter les phlébites. Les médecins du Moyen Âge y avaient recours pour soigner de nombreuses pathologies ; mais il faut attendre le XVIIIe siècle pour que ces sanguisuga reviennent sur le devant de la scène. À l’époque de la révolution, faute de chirurgiens, elles étaient surtout employées pour faire des saignées. Et, pour la petite histoire, Louis Pasteur fut sauvé d’une hémorragie céré- brale grâce à ces invertébrés décidément bien utiles.
EN SAVOIR PLUS
Lire
• Thérapie par les sangsues : secrets et bienfaits de l’hirudothérapie, Dr Schweizer (Éditions Jouvence) – 23,90 €. • Savais-tu ? Les Sangsues, Alain Bergeron, Michel Quintin et Sampar (Éditions Michel Quintin) – 9,50 €.
Contacts
• Sambo Danh Sang, 79 bis rue Pelleport à Paris (20e arrondissement) Tél. 06 24 19 40 87 ou 06 70 26 45 48 Site Internet : www.therapie-sangsues.fr
• Pour trouver un thérapeute utilisant les sangsues médicinales près de chez vous, voir les sites : www.sangsue-medicinale.com www.annuaire-therapeutes.com/therapies/125-hirudotherapie
Il existe une vingtaine de praticiens en France – natu- ropathes, vétérinaires ou même pharmaciens.
Quels bienfaits ?
Ils sont multiples ! Ces suceuses de sang sont indi- quées dans nombre de pathologies allant de l’inflam- mation à la cicatrisation post-opératoire en passant par l’esthétique (elles font disparaître une cicatrice en quelques séances). Leur secret ? Elles mordent. « Leur morsure, pas forcément agréable, en forme d’étoile à 3 branches, est due à leurs 240 minuscules dents réparties sur 3 mâchoires. Puis elles se fixent sur la peau du patient grâce à leurs deux ventouses et enta- ment leur festin. Mais elles ne se contentent pas de retirer du sang (environ 20 ml), précise Sambo. Elle injectent également un anti-coagulant, l’hirudine qui se dissémine dans le corps grâce au sang. C’est cette sécrétion salivaire composée de 200 molécules qui va traquer les virus là où ils se logent et ainsi favoriser la guérison. » C’est pour cela que tendinites, gingivites, varices, hernies discales, entorses et fractures peuvent être soignées de cette façon. Mais aussi le cholesté- rol, le diabète, les allergies, l’eczéma, les hématomes, l’arthrose, les migraines, les suites d’infarctus du myo- carde, les problèmes gynécologiques, de surpoids ou de rétention d’eau. La liste est impressionnante.
Une fois repue, la sangsue médicinale se détache de la peau : elle a fini son travail... et s’endormira pour toujours au congélateur avant d’être emportée par un laboratoire spécialisé dans les déchets médicaux.
Mais encore...
Il faut savoir que cette pratique de l’hirudothérapie, qui peut paraître « barbare » de nos jours, est recon- nue et remboursée dans de nombreux pays européens. Les services français de chirurgie réparatrice les uti- lisent au quotidien dans les suites de greffes. Les seules contre-indications sont des cas d’hémophilie, un défi- cit immunitaire ou un terrain allergique important.
La salive de ces hirudinées fait aussi des miracles sur nos amis les animaux ; les vétérinaires les utilisent en cas d’entorse, d’abcès ou de fourbure chez les chevaux. Aux États-Unis, les sangsues sont utilisées principale- ment en chirurgie plastique et qualifiées d’auxiliaires médicales ! En Inde, elles sont utilisées pour absorber le sang durant les opérations. Et en Sibérie, elles sont
posées sur les personnes obèses pour diluer la graisse par leur enzymes. Mais c’est en Russie que ces bestioles ont le plus la cote. Chaque hôpital a une unité d’hirudothérapie et les plus grands spécialistes de cette méthode de soins viennent de ce pays.
« Bref, pas étonnant que l’Hirudo medicinalis ait été dé- clarée médicament par la Haute Autorité Sanitaire ! », conclut Sambo Danh Sang dans un large sourire.
Natalie Georges
Rebelle-Santé N° 204 35
Photos N. G.