Page 7 - Rebelle-Santé n° 195 - Extrait "Les remèdes tsiganes de Moune"
P. 7

FAIT-MAISON
moment privilégié où l’on est en lien, en connexion avec le végétal, et si votre esprit se met à vagabon- der, soyez sûr que la plante vous rappellera à l’ordre. Essayez de cueillir la belle ortie ou la douce aubépine en pensant à autre chose et vous comprendrez ce que je viens de décrire...
Idem pour la fabrication, pensez à l’usage que vous souhaitez en faire, c’est une façon d’informer le remède fabriqué sur l’emploi qu’on attend de lui.
RECETTES & UTILISATION
Chaque recette a été un peu adap- tée aux matières premières que l'on trouve facilement aujourd’hui.
a Le	souci	(Calendula	officinalis), ramassé sur les bords des che- mins, broyé et appliqué en direct était notre antiseptique cicatrisant de base, mais on peut se faire une pommade de souci, plus pratique et utilisable toute l’année.
Recette pour la pommade de souci	: aMettre une poignée de fleurs de souci fraîches ou sèches dans un bol de beurre de karité (qui remplace la graisse animale utilisée par mes ancêtres...). aFaire fondre au bain-marie
à feu doux pendant 3 h. aFiltrer et mettre en pot stéri- lisé. a Étiqueter.
a La	salicorne	(Salicornia)	est un végétal qui pousse près des
Soucis
marais salants ou près des bords de mer, on peut la consommer, c’est très goûteux. Mes grands- mères s'en servaient pour fabriquer leur propre savon en utilisant les cendres de salicorne.
Quand leur chemin les menait près des côtes où pousse cette plante, la petite troupe en profitait pour faire un arrêt tout le temps que durait la fabrication du savon.
Les enfants jouaient dans l’eau pendant que les hommes faisaient brûler la salicorne pour la réduire en cendres. Ensuite, les femmes la mélangeaient à de l’huile d’olive, glanée et échangée sur les chemins du Sud, afin de créer la saponifi- cation*. Le mélange mijotait plu- sieurs heures dans le chaudron avant d’être coulé dans des moules (souvent des caisses en bois) pour le laisser durcir plusieurs jours.
Le savon était très précieux chez mes ancêtres qui, malgré la lé- gende, en usaient et en abusaient. La propreté du corps était une chose avec laquelle on ne rigolait pas chez les tsiganes...
Salicorne
aEt bien avant la naissance du sa- von, c’est la saponaire (Saponaria officinalis) qui servait à savonner les corps.
Les fleurs et les feuilles écrasées pour laver les mains, et les racines écrasées pour faire la lessive.
aLors de nos escapades cham- pêtres, on tombait souvent, pous- sés par les plus grands (si, si !!!) et il y avait toujours une petite fiole d’huile ou de baume d’arnica (Ar- nica montana) qui se tenait à dis- position pour contrer nos bosses et bleus. La pâquerette (Bellis perennis) et l’hélichryse (Héli- chrysum italicum ou arenarium) sont aussi d’excellents anti-bleus. À utiliser fraîches, écrasées sur l’endroit douloureux, ou en huile macérée ou en beurre végétal.
Recettes pour les trois plantes anti-bleus : aHuile macérée : macération solaire pendant 3 semaines de plantes sèches dans un bocal d’huile végétale, couvert d’un linge.
aBeurre végétal : 2 cuillères à soupe (CS) d’huile macérée + 1 cuillère à café (CC) de cire d’abeille dans un pot et faire fondre le tout au bain-marie.
aL’ail (Allium sativum) était dans toutes les pharmacopées tsiganes du temps de mon enfance ! On en mangeait à toutes les sauces, ma mère a toujours coutume de dire aujourd’hui que c’est “bon pour la santé !” et ma foi on était rarement malade, je dois bien l’avouer...
a La	chélidoine	(Chelidonium majus) est aussi parfaite pour les verrues : casser la tige de la
fleur et appliquer le lait orange directement (et uniquement) sur la verrue.
aLe sirop de radis noir est très efficace et éradique une grosse bronchite en 3 jours top chrono !
Suite p. 108
*La saponification est une réaction chimique du mélange de soude (contenue dans les cendres de la salicorne) et de gras (huile végétale ou graisse animale).
Rebelle-Santé N° 195	107


































































































   5   6   7   8   9