Page 29 - Rebelle-Santé n° 219
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NUTRITHÉRAPIE
Les multivitamines sont des compléments alimen- ancrée que sa nourriture était empoisonnée. La prise
taires « tout-en-un » formulés autour de vita-
mines, minéraux et autres micronutriments. Ils peuvent contenir de 10 à 30 substances différentes, voire davantage. C’est aux États-Unis que le recours aux multivitamines est le plus fréquent. Près d’un tiers des adultes et jusqu’à la moitié des personnes âgées en consomment, le plus souvent dans un cadre pré- ventif, notamment pour préserver leur santé osseuse et cardio-vasculaire.
MULTIVITAMINES ET TROUBLES DU SPECTRE AUTISTIQUE
À l’occasion, les multivitamines peuvent servir comme adjuvant thérapeutique. On l’a vu le mois dernier avec les troubles du spectre autistique. Les parents améri- cains d’enfants atteints d’autisme se tournent volon- tiers vers ce type de produit. Illustration dans l’État de Virginie où une étude récente réalisée auprès de 200 parents a montré que les multivitamines étaient les compléments alimentaires les plus communément utilisés, devant les oméga-3 et les probiotiques (1).
Dommage, même, qu’ils n’aient pas été employés de manière préventive par ces familles. En effet, en Suède, suite à l’analyse de dossiers médicaux de plus de 150 000 enfants de la région de Stockholm, des chercheurs se sont aperçus que les enfants dont les mères avaient procédé à une cure de multivitamines au cours de leur grossesse présentaient un risque ré- duit d’un tiers de développer un trouble du spectre autistique avec déficience intellectuelle associée (2).
MULTIVITAMINES ET SPHÈRE NEUROPSYCHIQUE
L’intérêt thérapeutique des multivitamines ne se can- tonne pas à l’autisme, mais concerne aussi d’autres troubles touchant la sphère neuropsychique. Quand on fait un tour d’horizon de la littérature scientifique de ces quinze dernières années, on constate qu’il existe au moins vingt-cinq études randomisées ayant évalué des compléments multivitaminés dans le cadre du trai- tement d’une grande variété de troubles « psy » : stress post-traumatique, comportements violents, TDAH... De manière générale, les résultats s’avèrent favorables aux multivitamines, probablement parce que ces der- niers contiennent des composés contribuant à amélio- rer le fonctionnement du système nerveux central (3).
Les bénéfices retirés d’une cure de multivitamines sont parfois exceptionnels comme dans le cas de ce garçon de 11 ans souffrant d’une psychose se manifestant no- tamment par des hallucinations auditives fréquentes – une centaine par semaine ! – et la conviction bien
d’un complément multivitaminé à large spectre (36 in- grédients) a abouti à une rémission complète de sa psychose, alors que les nombreux médicaments tes- tés jusque-là avaient échoué à améliorer son état. Le basculement progressif du traitement conventionnel vers le complément multivitaminé s’est étalé sur trois semaines (4).
NUTRITION ET SANTÉ MENTALE
Ce qui précède traite de la relation éminemment étroite entre nutrition et santé mentale. Une carence en un seul minéral aussi essentiel que le magné- sium peut notamment provoquer nervosité, anxiété, troubles du sommeil, hypersensibilité au bruit, voire hallucinations visuelles.
Des troubles mentaux tels que les troubles obsession- nels compulsifs (TOC) peuvent aussi dangereusement affecter la manière dont on se nourrit. Exemple édi- fiant avec cet homme de 61 ans qui, par peur des rési- dus de pesticides présents dans les aliments d’origine végétale, proscrivait fruits et légumes de son alimen- tation, se limitant, depuis une dizaine d’années, à ne consommer que du chocolat au lait et des cookies ! Résultat : une carence sévère en vitamine C provo- quant saignements gingivaux, nombreuses ecchy- moses, fatigue et anorexie (5). Une amélioration sen- sible de ses symptômes fut logiquement obtenue à la suite d’une supplémentation en vitamine C.
QUAND LES MÉDECINS JOUENT LES COBAYES
Les multivitamines peuvent-ils aider à retarder la sur- venue de sérieux problèmes de santé chez les seniors ? Pour l’établir, près de 15 000 médecins américains ayant dépassé la cinquantaine ont accepté de prendre au long cours soit un multivitamines, soit un placebo. Au terme d’un suivi de 11 ans en moyenne, il est ap- paru que la prise de compléments multivitaminés était associée à une diminution modeste, mais néanmoins significative, du risque de cancer (- 8 %) (6). Idem pour la cataracte (- 9 %). En revanche, l’impact des multivitamines sur le risque de crise cardiaque était quasi nul, sauf dans le sous-groupe des médecins res- pectant les règles d’une alimentation santé.
Même si je salue les nombreux médecins ayant ac- cepté de se prêter à cette expérience, je reste néan- moins très circonspect sur l’intérêt de débourser des sommes non négligeables pour se supplémenter en multivitamines durant de longues années pour un bénéfice santé hypothétique, alors que la solution de bon sens serait de passer progressivement à une alimentation santé à même d’assurer des apports
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