Page 44 - Rebelle-Santé n° 214
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ÉDUCATION
Les travaux visant à élaborer une carte des bactéries du corps humain n’ont commencé qu’en 2007. Cet « atlas bactériologique » a donné des résultats surpre- nants : dans notre corps, a priori, 99 % des bactéries habitent notre intestin avec plus d’un millier d’espèces différentes, mais on a aussi détecté la présence de bactéries à des endroits qu’on ne soupçonnait pas : les poumons, par exemple.
Aujourd’hui, plus de 60 % de ces bactéries nous sont inconnues. De quoi donner du travail aux chercheurs. Il est toutefois impossible de cultiver et donc d’obser- ver le comportement de bactéries intestinales qui ne survivent pas en laboratoire hors de notre corps.
C’est le principal obstacle et le mystère de ces micro- organismes qui interagissent avec nos systèmes immu- nitaire et nerveux. D’où l’idée d’un deuxième cerveau au niveau intestinal, bousculant le mythe hiérarchique d’un cerveau tout puissant aux commandes du corps.
Le microbiote intestinal est composé de 90 % de bac- téries. Pour résumer, plus on descend dans le tube di- gestif, plus on trouve de bactéries. En effet, tout ce qui n’est pas digéré dans l’estomac est attaqué au fur et à mesure dans l’intestin et le gros intestin qui concentre la plus grande densité bactérienne. Ce microbiote in- testinal héberge environ 100 billions de bactéries et pèse jusqu’à deux kilos selon les individus. Difficile, vu sous cet angle, de faire comme s’il n’existait pas. Les recherches révèlent au fur et à mesure tous les rôles joués par les bactéries sur notre organisme, que
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ce soit pour la production de vitamines, la prise de poids, le stress, la maladie de Parkinson, la dépression, les allergies et les intolérances, mais aussi l’entraîne- ment et l’amélioration des performances du système immunitaire présent à hauteur de 80 % dans l’intestin.
Comme le dit poétiquement Giulia Enders : « Partir à la découverte des intestins, c’est comme explorer un nouveau continent, aborder une nouvelle planète et rencontrer ce petit peuple qui cohabite depuis les origines de l’évolution dans le corps humain ». Les connaissances de cette planète microbienne sont en- core balbutiantes. D’autant que travailler avec les bac- téries, c’est traiter avec du sur-mesure, une orfèvrerie de haute précision.
DE LA MESURE AVANT TOUTE CHOSE
Autrefois, on parlait de flore intestinale, aujourd’hui le microbiote peut à son tour filer la métaphore. Il n’y a peut-être pas de hasard si la prise de conscience de l’importance de la biodiversité coïncide avec la prise de conscience de l’influence de notre microbiote. Notre écosystème intérieur nous relie à notre éco- système extérieur et implique une conduite ego-éco responsable. Giulia Enders, dans son livre, parle de forêt pour décrire l’intestin. Prendre soin de la forêt, ce n’est pas éradiquer tous les animaux qui la peuplent, mais veiller au contraire à ce que l’équilibre soit main- tenu entre la faune et la flore.
© N. Breton


































































































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