Page 45 - Rebelle-Santé n° 214
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En principe, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises bactéries, comme les adventices au jardin ne sont pas « des mauvaises herbes ». La question est plutôt de sa- voir comment une bactérie se retrouve à tel endroit ? Quel est son rôle ? Comment cohabite-t-elle avec les autres ? Quelles sont les associations bénéfiques ?
Le cas de Helicobacter pylori est en soit intéressant. Cette bactérie qui loge dans l’estomac doit ce nom à ses flagelles qu’elle fait tourner comme des hélices et qui sont parfois à l’origine de lésions des parois, d’ul- cères et même de cancer, quand certaines porteuses d’un gène spécifique n’injectent pas directement une toxine dans les cellules nerveuses. Mais cette bactérie permet aussi de combattre l’asthme et les allergies en communiquant avec le système immunitaire.
À partir de quand la balance penche-t-elle ? Comment une bactérie totalement inoffensive dans un organisme se retrouve-t-elle à l’origine du déséquilibre dans un autre ? Non seulement le microbiote évolue d’un indi- vidu à l’autre, mais il n’est pas figé. Il se transforme en fonction de notre alimentation, de nos habitudes, de notre âge, de nos stress, au point d’influer directement sur notre appétit et nos comportements. Un dialogue passionnant peut désormais s’engager avec nos en- trailles. Les traitements probiotiques sont au cœur des enjeux. L’idée d’ingérer des bactéries vivantes pour venir en renfort de notre intestin donne beaucoup d’espoir. Ces bactéries interviennent cependant sur
des champs d’action bien distincts, selon qu’elles vont nettoyer les villosités intestinales, défendre le territoire face aux indésirables, jouer les intérimaires pendant une convalescence après un traitement antibiotique... Selon les microbiotes, chacun ne réagit pas de la même manière, et si les probiotiques sont efficaces pendant la durée du traitement, ils n’ont pour l’instant que peu d’incidence sur une évolution du microbiote ensuite. Les greffes directes comme la transfusion fé- cale sont pour l’instant les plus prometteuses.
Cultiver son microbiote passe surtout par son hygiène de vie au quotidien.
Souvenons-nous de ce que disait Aristote : « La nour- riture est le premier des médicaments ». Manger sai- nement est plus que jamais d’actualité, diversifier son alimentation, choisir de vrais légumes, du pain com- plet, une viande saine.
En un mot, il faut se mettre à table avec les bacté- ries, en intégrant au menu des aliments qu’elles ai- ment manger : les prébiotiques. Ce n’est pas pour rien qu’on préconise de respecter l’apport quotidien de 30 g de « fibres alimentaires », c’est-à-dire tout ce que l’intestin ne digère pas et qui permet aux bactéries de travailler mieux. Idem dans la maison : « La propreté ne consiste pas à exterminer toutes les bactéries. La propreté, c’est un équilibre sain entre une quantité suffisante de bonnes bactéries et une petite dose de mauvaises bactéries », écrit Giulia Enders.
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ÉDUCATION
© Ph. Levy


































































































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