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RENCONTRE
légumes restait finalement marginale. Au sein de l’association dominait un radicalisme écologique un peu à côté de la plaque et nous étions surtout efficaces pour les missions sociales. Agréés pour les TIG (travaux d’intérêt général), nous accueillions beaucoup de jeunes en rupture, des objecteurs de conscience, des programmes d’alternative à la prison, des associations d’handicapés et d’autistes, et nous proposions toutes sortes de stages sur des disciplines autour de la bio. Et ça a périclité ; j’ai alors proposé de racheter la ferme de cinq hectares pour m’installer en maraîchage bio. J’ai complété ma formation à ce moment-là et laissé tomber les activités d’accueil pour me recentrer sur la production de légumes.
À quoi ressemblait votre exploitation maraîchère ?
Je me suis consacré exclusivement au maraîchage bio, avec un statut d’agriculteur pendant vingt ans, de 1989 à 2009. J’ai commencé par embaucher deux salariés, puis je me suis associé en GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun) avec un autre maraîcher bio en 1994 (qui est décédé en 2002).
La coopération entre agriculteurs, c’est la clé. Ainsi, en 1999, nous nous étions également associés à deux autres maraîchers bio de la région sur la vente directe pour mieux répartir la production. Sur trois fermes, nous disposions ainsi de 8000 m2 de serres et, en plus des marchés, nous avons pu fournir jusqu’à 400 paniers par semaine. La vente directe représentait alors 40 % de notre production, tandis que les 60 %
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restants étaient écoulés en gros et demi-gros via le réseau Biocoop Scarabée de Rennes, qui est un des plus développés en France.
Pourquoi avez-vous arrêté en 2009 ?
J’avais 50 ans. Quand mes deux salariés sont partis à la retraite en 2008, j’ai eu le choix : je pouvais repartir avec de jeunes salariés ou commencer un nouveau projet. Entre-temps, ma compagne Christine avait quitté son métier d’instit et m’avait rejoint dans le maraîchage en 2003. Elle avait l’idée de créer un espace pédagogique pour accueillir des classes ou des centres de loisirs. Quant à moi, j’ai toujours fait du théâtre et je voulais m’orienter vers un projet plus artistique.
On a commencé par louer des parcelles de terrain pour des jardins familiaux et aménager des espaces d’accueil pour sensibiliser le public au jardinage et à l’écologie. En 2011, j’ai transmis l’exploitation de trois hectares à deux maraîchères, l’une en production de légumes, l’autre en plantes médicinales et, avec Christine, nous nous sommes concentrés sur ce qui restait pour créer les jardins Rocambole.
C’est à cette époque que je suis aussi devenu formateur bio. Au départ, on m’avait proposé un mi- temps au CFPPA (centre de formation professionnelle et de promotion agricole) de Rennes, où je suis resté six ans. J’y ai pris goût et j’ai ensuite également travaillé pour le département, donné des conférences et proposé des formations en Bretagne ou à Paris à