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examens
quEL biLan POuR...
... un SaiGnEMEnT anaL
La rectorragie, autrement dit le saignement anal, est toujours anxiogène. Derrière le diagnostic de facilité d’une crise hémorroïdaire se cache une pathologie redoutable, le cancer. Un bilan s’impose donc dans le doute.
Les rectorragies sont fréquentes et pas nécessairement graves. Sauf exceptions (troubles de la
coagulation, maladies du sang...), la perte sanguine est le plus sou vent limitée et ne met pas le patient en péril. En dehors des émissions sanguines massives, la rectorragie ne doit pas être considérée comme une urgence médicale, mais com me un symptôme. Cependant, une consultation auprès de son médecin traitant ou d’un gastroentérologue s’impose. Dans la plupart des cas, un toucher rectal est nécessaire.
De L’InTesTIn GRÊLe JUsQU’À L’anUs En pratique, un saignement anal correspond à une lésion de la mu queuse intestinale qui peut se pro duire à tous les étages du tube di gestif, de l’estomac jusqu’à l’anus. D’où la possibilité pour le sang d’être digéré lors de sa progression dans le tube digestif dès lors que le saignement est haut situé. Seule exception, l’accélération du transit qui peut empêcher la digestion du
sang.
COULeUR eT ODeUR ORIenTenT Le DIaGnOsTIC La couleur et l’odeur des selles, et donc du sang, représentent des élé ments d’orientation très importants pour le praticien. Elles permettent de pratiquer les investigations les plus adaptées. Par exemple, des selles noires et malodorantes, de consistance goudronneuse (mé léna), peuvent correspondre à un saignement gastrique ou duodé nal (ulcère). Ailleurs, le saigne ment digestif peut correspondre à un cancer colique, des polypes, des diverticules ou une maladie
inflammatoire de l’intestin, type maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique.
HÉmORROÏDes...
Dans la majorité des cas, fort heu reusement, le saignement est le fait d’hémorroïdes et se produit géné ralement pendant la défécation : le sang est donc bien rouge, ce qui indique un sang non « digéré » et donc, un saignement « bas » situé.
... OU CanCeR
Pour autant, et c’est tout le para doxe, on ne doit pas se satisfaire du diagnostic de facilité que consti tuent les hémorroïdes, même si on se sait porteur. On doit éliminer le diagnostic de cancer digestif car il arrive qu’un cancer cohabite avec des hémorroïdes. Il faut donc tou jours consulter un médecin, a for- tiori après 40 ans, afin d’éliminer un cancer du rectum ou de l’anus qui provoque également des émis sions de sang rouge vif.
enDOsCOPIe
Le diagnostic passe par une anus copie, autrement dit l’examen direct de l’anus au moyen d’un instrument muni d’un système optique. Quant à l’endoscopie,
elle permet de diagnostiquer les saignements plus haut situés sur le côlon.
Dr Daniel Gloaguen
SAIGNEMENT OCCULTE
Il peut y avoir un saignement à l’insu du patient. C’est le saignement dit « occulte », autrement dit invisible à l’œil nu, mais parfaitement repéré par le test « Hémoccult ». Dans environ 3 % des cas, le test est positif (présence de sang dans les selles). Il nécessite alors une consultation spécialisée
et un bilan complémentaire (endoscopie).
PIÈGES DIAGNOSTIQUES
uLésions thermométriques (ulcération de la muqueuse rectale) par suppositoires ou par lavements en excès
uCorps étranger intrarectal uConstipation (fissures lors de l’exonération fécale) uIngestion de betterave, de raisin noir ou de carmin qui vont colorer les selles en rouge, simulant un saignement uInfection bactérienne
ou parasitaire (shigellose, salmonellose, amibiase...) et infections sexuellement transmissibles (IST) uPrise médicamenteuse (anticoagulants, aspirine, anti-inflammatoires non stéroïdiens...) uRadiothérapie après cancer digestif
uAngiome colique uPurpura rhumatoïde.
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Dr Daniel Gloaguen

