Page 16 - Rebelle-Santé n° 202
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ÉDUCATION
Vérification du cahier de traçabilité
Le cahier de traçabilité
Est-ce que chaque arrondissement pourra faire ses approvisionnements ?
Ce schéma vise à centraliser les achats et à permettre aux arrondissements de choisir dans une espèce de catalogue. Ce sera le « catalogue de la Redoute » de l'alimentation. Dans ce catalogue, il y aura peu de petits producteurs qui seront capables de répondre au cahier des charges de la ville. On sait qu'en bio, les structures sont petites. Là, de très gros volumes seront demandés. Donc mutualiser les achats est une extrêmement mauvaise idée.
Quelle incidence cela aura-t-il sur le bio dans les repas ?
Les grandes structures qui pourraient fournir ce grand établissement ne s’approvisionnent pas forcément sur le territoire français. Pour fournir en masse des pommes de terre, par exemple, on fait souvent appel à des producteurs étrangers dont les cahiers des charges ne sont pas les mêmes, et avec une traçabilité très différente de celle que nous avons en France. Le bio français est contrôlé par l'Institut National des Appellations. Il est surveillé, et garanti. Nous ne sommes pas d'accord avec du bio qui viendrait de pays dont on ne connaît ni le cahier des charges, ni la traçabilité.
Y a-t-il un engagement sur une proportion de bio dans les repas ?
Non. Il y a eu une annonce de 50 % de bio et de durable. Sachant que le durable ne veut rien dire. Ce n'est pas un label en matière de nourriture. À l’intérieur de ces 50 % de bio et durable, on ne connaît pas la part du bio ni la part du durable. Ensuite, la Ville de Paris a changé son fusil d'épaule et affiche désormais 50 % de bio et labels, mais nous ne savons pas de quels labels il s’agit. Et toujours aucune information sur les proportions entre la nourriture bio et la nourriture labellisée. Donc, ça ne va pas. Nous voulons un engagement ferme.
Qu’en est-il de l'économie circulaire ?
Nous souhaitons une réforme qui serait réelle et ver- tueuse. Toutes les collectivités contracteraient les agriculteurs locaux pour fournir leurs cantines. Cela financerait la conversion en bio avec les impôts des citoyens et avec ce que nous payons pour les cantines. On favorise ainsi l'agriculture française, permettant les conversions en bio, et on retrouve dans l'assiette de nos enfants des produits traçables, bio, de qualité. C’est un combat de bon sens. Mais il y a très peu d’ac- tions de la part des politiques. Alors, on secoue les sénateurs, les députés, les élus de la Ville de Paris pour essayer de leur rappeler que c'est nous qui votons et que nous voulons un système vertueux.
Quels conseils pouvez-vous donner à des parents dans la même situation ?
Vous êtes aussi des électeurs, et les maires veulent être réélus. Alors, il faut saisir le maire, lui expliquer qu'on est très mobilisés et qu'on ne va pas rester inactifs. La deuxième chose, c'est de faire du porte-à-porte, d’école en école, pour être tous ensemble, en fédérant les parents d'élèves de la commune. Cela passe par des réunions publiques – il n'y a pas un parent qui veut que son enfant mange de la nourriture de mauvaise qualité. Et il n'y a pas un élu qui a intérêt à afficher qu’il sert de la malbouffe dans les cantines. On fait aussi signer des pétitions devant son école, on en fabrique en ligne. Puis, on transmet cela au maire.
Quelles sources d'information peuvent aider les parents ?
Nous sommes en train de créer un blog qui permettra aux parents d'avoir de nombreuses sources d'informations. Il y aura notamment une bibliographie, une filmographie. Et puis, nous mettrons en ligne des modèles. En attendant, il y a déjà notre site internet (voir encadré page 17).
Entretien réalisé par Christophe Guyon
16 Rebelle-Santé N° 202
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