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Rebelle-Santé
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Ce blog m’a permis également de pouvoir donner la parole à différents acteurs éco-responsables (thérapeutes, entre- preneurs éthiques, membres associatifs, etc.). Tout s’est enchaîné très vite et j’ai rapidement eu la chance d’écrire pour différents médias.
À quel moment vous êtes-vous rencontrés Amaury et vous ?
En 2008, lors de nos études de lettres. Nous avons évolué en suivant le même chemin. Nous nous sommes entraînés mutuellement et dirigés tous les deux dans la même direc- tion. L’écologie, le végétarisme, la santé naturelle et plus généralement le respect de l’environnement, faisaient partie de notre vie de manière de plus en plus évidente.
Aujourd’hui, vous ne mangez plus de viande ?
Chez nous, oui, nous sommes totalement végétariens. En revanche, quand nous sommes invités quelque part et qu’il y a de la viande, nous faisons honneur au plat. J’ai horreur de devoir imposer mon mode de vie aux autres, même si j’espère toujours en inspirer quelques-uns. Je n’ai qu’une limite pour ma part : ne pas manger de bébés animaux. J’ai pu constater au fil de mon parcours que le végétarisme restait une question sensible ! Et malheureusement, certains végans peuvent montrer un visage d’intolérance qui est, à mon sens, totalement contre-productif.
On a pu le constater, notamment, en militant au sein d’associations de protection animale. La cause est noble et l’action me tenait à cœur, mais une minorité développe une agressivité et provoque un sentiment de culpabilité qui donnent des résultats contraires à ceux escomptés. Un jour, alors que je distribuais des tracts d’informations sur les œufs à la sortie d’un supermarché à Lyon, pour donner des explications sur les codes figurant sur les emballages, un autre militant sermonnait, sans tact, les passants sur le fait qu’il ne fallait plus manger d’œufs. Je mange des œufs moi-même et ce n’était pas le sens que je voulais donner à cette mission. Les personnes interpellées se sentaient souvent jugées et agressées, ce qui ne nous permettait en aucun cas d’avancer.
J’ai ensuite arrêté, non pas par désaccord avec l’associa- tion en question – que je trouve formidable et dont l’ac- tion me semble capitale – mais du fait de son approche parfois trop radicale et culpabilisante.
Et vous, Amaury, quel est votre parcours ?
Amaury : en fait, j’ai du mal à parler de parcours. Je crois que l’écologie s’est imposée à moi. Je n’ai pas l’impression de l’avoir choisie. Je ne pourrais pas envisager une vie où les problèmes environnementaux ou sociaux ne me concer- neraient pas. Comment imaginer une vie dont le seul but serait la consommation et l’accumulation de biens ? L’ouverture aux enjeux écologiques s’est faite progressi- vement au niveau individuel. Par rapport à Alexandra, j’ai eu plus d’engagements collectifs : je me suis engagé politi- quement, syndicalement, et de façon associative. Aujourd’hui, on crée une entreprise qui s’apparente à de l’entrepreneuriat solidaire, sous une certaine forme d’économie collaborative.
Mon parcours est donc celui-là : j’ai pu mettre en action une écologie solidaire, une écologie institutionnelle, une écologie entrepreneuriale, une écologie associative. Cette variété d’approches est très enrichissante car on peut constater qu’il existe une multitude de formes d’engage- ments concernant l’écologie. En fonction des acteurs qui
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